
Quelques jours après la tribune de Vladimir Poutine publiée dans le "New York Times", le sénateur américain John McCain prend la plume dans un média russe. Il se déclare "plus pro-Russe que le régime" et tire à boulets rouges sur le président russe.
En parallèle des négociations sur le dossier syrien, les responsables politiques russes et américains s’adressent aux opinions publiques du camp d’en face par voie de presse. Après la tribune publiée le 12 septembre dans le " New York Times" dans laquelle le président russe Vladimir Poutine s’adressait "au peuple américain et à ses dirigeants", John McCain n'avait pas caché son intention d'écrire dans la presse russe. C’est chose faite.
Dans une virulente tribune publiée, jeudi 19 septembre, sur le site pravda.ru, l'ancien candidat républicain à la Maison Blanche s’adresse au peuple russe. Dans son texte, intitulé "Les Russes méritent mieux que Poutine", le sénateur répond personnellement au chef du Kremlin qui, dans sa tribune, mettait en garde Barack Obama contre une intervention en Syrie et attribuait l’attaque chimique du 21 août aux rebelles syriens.
"Je ne suis pas anti-Russe"
Vladimir Poutine "ne croit pas en vous", affirme John McCain qui reproche au président russe et à son entourage d'avoir truqué des élections, emprisonné et assassiné des opposants, favorisé la corruption et détruit la réputation de la Russie sur la scène mondiale.
"Je ne suis pas anti-Russe", explique-t-il dans ce texte publié par ce site existant en russe, anglais, portugais et italien, et qui se présente comme le plus important site russe anglophone derrière le média officiel Russia Today mais qui dispose en Russie d'une audience très limitée. Il faut d’ailleurs préciser que Pravda.ru n'a aucun lien avec l'ex-quotidien du PC soviétique puis russe, "La Pravda", qui ne paraît plus sur papier que pour être distribué épisodiquement lors de manifestations. Pravda.ru qui souligne d’ailleurs soutenir la politique de Vladimir Poutine.
"Je suis pro-Russe, plus pro-Russe que le régime qui vous gouverne mal aujourd'hui", ajoute le sénateur américain. Selon lui, le gouvernement russe ignore les "droits inaliénables" de vie, de liberté et de recherche du bonheur". "Le président Poutine et ses collaborateurs ne croient pas en ces valeurs. Ils ne respectent pas votre dignité et n'acceptent pas votre autorité sur eux", déclare celui qui a soutenu le président Barack Obama dans son projet de frappes militaires contre la Syrie pour punir le régime accusé d'avoir utilisé des armes chimiques.
Poutine "détruit" la réputation de la Russie
"Ils condamnent les dissidents et emprisonnent les opposants. Ils truquent vos élections. Ils contrôlent vos médias. Ils harcèlent, menacent et interdisent les organisations qui défendent vos droits à l'auto-gouvernance", ajoute-t-il. Vladimir Poutine "ne rehausse pas la réputation de la Russie aux yeux du monde. Il la détruit", estime M. McCain. "Il en a fait une amie des tyrans et une ennemie des opprimés", souligne-t-il. "Le président Poutine ne croit pas en ces valeurs parce qu'il ne croit pas en vous", conclut le sénateur.
Le porte-parole de Vladimir Poutine, Dmitri Peskov, a déclaré que le président russe prendrait connaissance du texte du sénateur américain. "McCain est bien connu pour n'être pas un partisan de Poutine. Il y a peu de chances que nous entamions une polémique : c'est le point de vue de quelqu'un qui vit de l'autre côté de l'océan", a déclaré le porte-parole à la radio RSN. "Pour ce qui est de ce que méritent les Russes, ils sont eux-mêmes capables de répondre à cette question, et ils le font quand il y a des élections", a-t-il ajouté.
Le PDG de pravda.ru, Vadim Gorchenine, s'est justifié de son côté sur le site de sa décision de publier le texte du sénateur américain. "Pravda.ru soutient la politique de Vladimir Poutine, mais devions-nous pour cette raison refuser au sénateur McCain la publication de sa tribune ? Les médias russes sont aujourd'hui non moins ouverts à la discussion que les médias occidentaux, et c'est précisément grâce au président russe", affirme-t-il.
Avec dépêches