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Environ 360 000 personnes, selon la CGT - 155 000 selon l'Intérieur - ont participé ce mardi aux quelque 180 rassemblements organisés en France pour protester contre la première réforme des retraites de la gauche.

Ce fut une journée de mobilisation timide contre la première réforme des retraites d'un gouvernement de gauche. Mardi 10 septembre, la journée de grève et de manifestations à l'appel de quatre syndicats – CGT, FO, Solidaires, FSU – s'est révélée assez modeste.

Selon la CGT, environ 360 000 personnes ont rejoint les 180 cortèges déployés en France. Le ministère de l'Intérieur table, lui, sur 155 000 manifestants. Ces chiffres restent très loin des millions de personnes qui avaient défilé en 2010 contre la réforme des retraites de Nicolas Sarkozy – entre 1,2 et 3,5 millions de salariés, selon les sources.

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Réactions de Jean-Claude Mailly (FO) et Thierry Lepaon (CGT)

"Ce sera une journée militante réussie", avait prévu dèsdans la matinée Jean-Claude Mailly, le président de Force ouvrière (FO) qui n'a "jamais cru qu'il y aurait autant de monde qu'en 2010".

Pour Mailly, la mobilisation limitée s'explique par "la crise qui est là. Les gens se disent 'encore une énième réforme de retraites'". Par ailleurs, reconnaît-il, "certains points" du projet "ont été déminés" notamment sur la question de la pénibilté", même si cela reste "insuffisant".

Son homologue de la CGT Thierry Lepaon voit lui aussi dans la réforme "un progrès" en rappelant la pénibilité. Il justifie la journée par la nécessité d'"améliorer" le projet de loi du gouvernement qui sera présenté le 18 septembre en conseil des ministres.

A l'inverse de 2010, les syndicats ne réclament pas le retrait du projet, mais leur contestation se focalise sur l'allongement progressif de la durée de cotisation à 43 ans en 2035, qui fait du projet de loi sur le retraites une loi "anti-jeunes", selon eux.

Malgré l'appel à la grève, peu de perturbations ont été observées dans les transports et dans les aéroports parisiens d'Orly et de Roissy.

Des défilés et des rassemblements sont prévus dans 180 villes.

Dès la matinée, des cortèges ont été suivis à Grenoble (2 000 manifestants selon la police, de 8 à 10 000 selon la CGT), Strasbourg (1 200 selon la police), Nantes, Rennes ou Lyon.

Au Mans, des manifestants ont recouvert de copeaux de papier blanc la rue Bigot où se trouve la fédération socialiste. "Retraite, 20 ans de régression çà suffit", lisait-on sur une banderole à Nantes, la ville du Premier ministre Jean-Marc-Ayrault.

"De l'argent, il y en a dans la banque de DSK!", criaient des manifestants grenoblois, tandis qu'à Strasbourg, un slogan accusait le PS de faire "une politique de misère".

A Saint-Denis de la Réunion, entre 5 à 600 manifestants selon la police, 3.000 selon les organisateurs, ont déposé une motion à la préfecture réclamant une "politique de relance et d'emploi" et un "départ à 60 ans avec une retraite à taux plein". Les étudiants de l'Unef Réunion ont mené une opération escargot.

A Paris, les leaders de FO et de la CGT défileront côte à côte en début d'après-midi de la Place de la République vers Nation.

Une délégation de salariés de Darty va rejoindre le défilé contre des suppressions de postes en Ile-de-France.

"C'est l'image d'un volcan, ça bouillonne"

Au gouvernement, on a suivi avec attention la contestation dont les mots d'ordre ont été étendus aux questions des salaires et de l'emploi.

Jean-Claude Mailly a prévenu : "c'est l'image d'un volcan : vous avez un peu de fumée, la terre ne tremble pas, mais ça bouillonne et à un moment il faut que ca sorte!". "Ca sortira en partie aujourd'hui" et "un moment donné quand ça ne sort pas syndicalement, ça sort politiquement".

"La lourdeur de la crise a créé chez les salariés une logique de repli et de résignation plutôt que de combat", explique à l'AFP Bernard Vivier, directeur de l'Institut supérieur du Travail. D'autant plus, selon lui, qu'ils reconnaissant le "caractère inévitable d'une réforme des retraites".

Par ailleurs, selon lui, "un gouvernement de gauche leur paraît un peu moins pire que la droite" et une "perméabilité existe entre la sympathie syndicale, notamment chez les fonctionnaires, et la sympathie envers le PS".

A l'inverse de 2010, les syndicats réformistes ne sont pas dans la rue : la CDFT, la CFE-CGC et la CFTC espèrent obtenir de nouvelles avancées sur le dossier des retraites notamment en faveur des jeunes lors du débat parlementaire début octobre.

Avec dépêches