
Deux ans après la tuerie de l’extrémiste Anders Breivik, la droite, appelée à faire alliance avec un parti populiste anti-immigration, devrait aisément l’emporter aux élections législatives qui se déroulent ce lundi.
La Norvège se rend aux urnes ce lundi pour des législatives qui devraient voir la victoire des conservateurs sans doute appelés à faire alliance avec un parti populiste anti-immigration deux ans après les sanglantes attaques de Breivik.
"Les choses se présentent très bien", a déclaré dimanche la patronne des conservateurs, Erna Solberg, pressentie pour être le prochain Premier ministre de la riche nation scandinave.
"Il nous faut un mandat fort des électeurs pour former un gouvernement ayant des muscles", a-t-elle dit, selon l'agence norvégienne NTB.
Le matin même, un dernier sondage avait confirmé une tendance observée tout au long de la campagne en créditant l'opposition de droite de 54,3% des intentions de vote, soit une confortable majorité de 95 sièges sur 169 au Parlement, contre 39% seulement à la gauche.
A la tête depuis 2005 d'une coalition regroupant son parti travailliste, la Gauche socialiste et le parti centriste, le Premier ministre sortant Jens Stoltenberg a refusé de s'avouer vaincu.
"J'ai un très bon sentiment", a-t-il déclaré après avoir déposé son bulletin dans une école d'un quartier chic d'Oslo dimanche, une petite moitié des 428 municipalités norvégiennes ayant ouvert les bureaux de vote avec un jour d'avance pour faciliter la tâche des électeurs.
Mais, pour les commentateurs, les jeux sont faits.
"Il faut remonter à 1953 pour trouver une élection en Norvège dont les résultats étaient aussi courus d'avance", a affirmé le politologue Frank Aarebrot de l'université de Bergen à l'AFPTV.
"Personne ne croit vraiment que la coalition rouge-verte (sortante) peut gagner cette élection. Non, personne", a-t-il dit.
La gauche est victime d'une usure du pouvoir même si la Norvège, riche en pétrole, affiche une prospérité économique exceptionnelle en Europe avec un chômage quasi inexistant et des niveaux de vie très élevés.
Elle pâtit aussi des défaillances des autorités apparues lors des attaques de l'extrémiste de droite Anders Behring Breivik qui avait tué 77 personnes le 22 juillet 2011 en faisant exploser une bombe près du siège du gouvernement à Oslo puis en ouvrant le feu sur un rassemblement de Jeunes travaillistes sur l'île d'Utoeya.
Paradoxalement, la victoire annoncée de la droite devrait déboucher, pour la première fois de ses 40 ans d'histoire, sur l'arrivée au pouvoir du parti du Progrès (FrP), une formation populiste hostile à l'immigration et dont Breivik était membre jusqu'en 2006.
Le FrP s'est nettement démarqué du tueur et a mis en sourdine ses propos sur les immigrés. Personne en Norvège ne l'associe aujourd'hui au carnage de Breivik, thème remarquablement absent de la campagne axée sur la santé, l'éducation, la fiscalité et l'utilisation de l'immense manne pétrolière.
"Je pense que Breivik n'est pas pertinent dans ce contexte", a confié à l'AFP Peter Linge Hessen, jeune militant travailliste qui a lui-même survécu au massacre d'Utoeya. "Je suis bien sûr déçu que le parti du Progrès ait gagné tant d'influence mais c'est la démocratie".
Donné aux alentours de 15% dans les sondages, le FrP de Mme Siv Jensen semble en fait en passe de perdre près d'un tiers de ses électeurs depuis les précédentes législatives de 2009 et d'être relégué de la deuxième à la troisième place au Parlement.
S'ils sont d'accord pour vouloir l'alternance, les quatre partis de droite n'ont pas encore convenu des contours d'un nouveau gouvernement ni de son programme précis, lesquels dépendront de leur poids respectif au sortir des urnes.
Le scénario jugé le plus probable est un gouvernement minoritaire regroupant les conservateurs et le parti du Progrès, avec le soutien --sans participation-- de deux petits partis centristes, les démocrates chrétiens et les libéraux.
Les différences entre eux sont très importantes, notamment sur les questions d'immigration, d'environnement ou encore d'utilisation du fonds pétrolier, un immense fonds souverain pesant quelque 750 milliards de dollars dans lequel les populistes veulent piocher pour financer leurs promesses.
AFP