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Vincent Peillon présente la première "charte de la laïcité à l'école"

Vincent Peillon, ministre de l'Éducation, a présenté lundi sa "charte de la laïcité à l'école". Elle rappelle la liberté de conscience des élèves en les protégeant "de tout prosélytisme", mais n'aborde pas tous les sujets polémiques.

"La première charte de la laïcité à l’école", qui sera affichée dans les établissements publics, a été présentée lundi 9 septembre par le ministre de l’Éducation nationale, Vincent Peillon. Son contenu a été dévoilé dans un lycée de La Ferté-sous-Jouarre (Seine-et-Marne), en présence de personnalités, dont l'ancien président du Conseil constitutionnel Robert Badinter.

Le projet de charte, présenté en juillet devant le Conseil supérieur de l’éducation, une instance consultative, rappelait que la laïcité permet aux élèves d'"exercer leur libre arbitre" et "les protège de tout prosélytisme". Il rappelait aussi la loi de 2004 interdisant les signes religieux ostensibles et l'obligation de se conformer au règlement intérieur.

"Le point de départ de la laïcité, c'est le respect absolu de la liberté de conscience. Pour donner la liberté du choix, il faut être capable d'arracher l'élève à tous les déterminismes, familial, ethnique, social, intellectuel", avait affirmé Vincent Peillon il y a un an. La laïcité ne doit pas tourner "à l'obsession de l'islam", avait-il ajouté cet été, alors qu'elle a souvent été instrumentalisée contre la deuxième religion de France.

L'enseignement de certaines matières en question

La présentation de cette charte intervient alors que l’enseignement de certaines matières est devenu sensible. C'est le cas de l'éducation à la sexualité, selon Serge Lacassie, président de l'association des professeurs de biologie et géologie. "Sur l'évolution, des élèves d'un lycée en Seine-Saint-Denis rendaient des copies blanches en partant du principe que le Coran et la Bible n'en parlaient pas", ajoute-t-il. Dans le projet de texte, ce problème est pris en compte : "aucun élève ne peut invoquer une conviction religieuse ou politique pour contester à un enseignant le droit de traiter une partie du programme".

Toutefois, des sujets "récurrents de protestation et de revendications" ne figurent pas dans le projet de charte, regrette Jean-Pierre Obin, inspecteur général honoraire de l'Éducation nationale, qui cite "la nourriture à la cantine, l'obligation scolaire et en particulier l'assiduité à tous les cours et aux sorties scolaires, et les fêtes religieuses". La charte "peut paraître molle et peu précise" mais "c'est le propre d'une charte qui rappelle des principes généraux et laisse une large place à la négociation", juge Philippe Portier, directeur du groupe société, religion et laïcité au CNRS, en faisant un parallèle avec la "charte pour la laïcité dans les services publics" établie en 2007, qui n'a été que peu diffusée (à part dans les hôpitaux).

La charte a été présentée alors que le ministre a rappelé cet été aux écoles qu'elles devaient afficher un drapeau français, un drapeau européen, la devise de la République et la déclaration des droits de l'Homme et du citoyen. À compter de 2015, la "morale laïque" sera également enseignée du primaire au lycée.

Avec dépêches