Au lendemain du rejet par le Parlement d'une intervention en Syrie, le Premier ministre n'est pas épargné par la presse britannique. Outre son échec politique, certains médias évoquent son affaiblissement sur la scène internationale.
C’est un coup de Trafalgar pour le Premier ministre britannique. Au lendemain du rejet par la Chambre des communes par 285 voix contre 272 de la motion présentée par le conservateur David Cameron défendant le principe d'une intervention militaire en Syrie, la presse britannique ne mâche pas ses mots contre le locataire du 10 Downing Street. Tous les journaux ou presque évoquent vendredi 30 août son "humiliation" et son "affaiblissement".
Du côté même des journaux réputés proches de la majorité, les critiques fusent. "L’affaiblissement de Cameron" titre ainsi le "Daily Mail". "Lors d’une nuit capitale, la rébellion des Tories a contraint le Premier ministre à renoncer à frapper militairement la Syrie… et le plonge dans une profonde crise politique", peut-on lire.
"The Sun" n’hésite pas pour sa part à faire un jeu de mots : "Cam down / Calm down" ("Cameron rabaissé / Du calme"). Le Premier ministre humilié par le refus des parlementaires des frappes militaires, peut-on lire dans le tabloïd le plus vendu outre-Manche. Sur un ton acerbe, l'éditorialiste Tom Newton-Dunn estime que "les Premiers ministres ne perdent tout simplement pas les votes à propos de la guerre, ce qui nous mène réellement vers un avenir politique inconnu. Monsieur Cameron peut survivre à cela mais son autorité ne sera plus jamais la même".
"Qui dirige le pays ?"
Le tabloïd "The Mirror" évoque, lui, "une défaite parlementaire historique". Comme de nombreux autres titres de la presse britannique, il estime que le Premier ministre a été "humilié" et que ce vote laissera des traces au sein du parti.
Quant au "Times", journal de centre-droit, il n’hésite pas à qualifier le vote de "désastre" et titre "Cameron humilié par la grève du vote sur la Syrie". "David Cameron a subi la nuit dernière la pire humiliation de son mandat après que les parlementaires, invités à approuver une attaque militaire contre le régime syrien, ont rejeté toute idée de soutien à ce projet, même atténué", estime le quotidien.
Plus à gauche, le "Guardian" ouvre son édition sur le coup porté à l’autorité de David Cameron. Évoquant un "échec sans précédent" pour le chef du gouvernement qui a "mal jugé son parti", le journal insiste sur la victoire d’un Parlement "très souvent dénigré qui a rempli sa mission".
Enfin, le chroniqueur politique de la chaîne de télévision publique BBC Ross Hawkins s’interroge sur la capacité de David Cameron à conserver sa "crédibilité" sur la scène internationale après ce camouflet politique. "En Grande-Bretagne et ailleurs, les gens vont s’interroger : qui dirige le pays ?".
Une question à laquelle le ministre des Finances George Osborne n'a pas répondu. Interrogé vendredi 30 août par la radio 4 de la BBC, il évoque "un examen de conscience national" quant au rôle de la Grande-Bretagne dans " le monde". "La question est de savoir si la Grande-Bretagne veut jouer un grand rôle dans la défense du système international", a-t-il déclaré.