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Égypte : les Frères musulmans appellent à un "vendredi des martyrs"

Les Frères musulmans ont appelé à manifester massivement après la prière du vendredi. Une journée d'action à valeur de test pour la confrérie, qui peine à mobiliser ses partisans après la répression sanglante de l'armée et l'arrestation de son chef.

Trois jours après l’arrestation du guide suprême des Frères musulmans, Mohamed Badie, la confrérie appelle à de grandes manifestations, ce 23 août, pour le "vendredi des martyrs" contre le pouvoir militaire en place en Égypte. 

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Alexandre Buccianti, correspondant de RFI en Égypte

"Rien qu’au Caire, 28 cortèges devraient partir des mosquées après la traditionnelle prière du vendredi. Ces manifestations devraient être concentrées au sud du Caire, vers Gizeh notamment, où les Frères musulmans avaient obtenu de bons scores aux élections, explique Alexandre Buccianti, correspondant de RFI au Caire. Des manifestations sont également prévues à Suez, en Moyenne-Égypte, dans le delta et à Alexandrie, ainsi que dans le nord du Sinaï et dans des villes proches de la frontière libyenne."

Depuis le début de la semaine, les partisans du président déchu issu des Frères musulmans, Mohamed Morsi, peinent à se mobiliser. Seuls quelques centaines de manifestants sont descendus dans les rues. "Dernièrement, les manifestations étaient plutôt symboliques, poursuit le journaliste. La question est de savoir à quel point les Frères musulmans vont réussir à se mobiliser. Pour eux, il s’agit de prouver qu’ils sont encore capables de faire des démonstrations de force. C’est le test."
Les Frères musulmans "décapités"
Il y a encore une dizaine jours, ils étaient des milliers à occuper des places dans les villes du pays pour protester contre le coup d’État. Mohamed Morsi, destitué et arrêté le 3 juillet par les militaires menés par le général Abdel Fattah al-Sissi, est, depuis lors, emprisonné dans un endroit tenu secret.
La dispersion dans le sang de sit-in, le 14 août, et les violences qui ont suivi ont provoqué la mort de près de 1 000 personnes, selon un bilan officiel. Les Frères musulmans, eux, affirment que 2 200 personnes ont été tuées. Plusieurs hauts responsables de la confrérie ont été arrêtés et inculpés "d’incitation à la violence", et, pour certains d’entre eux, de "meurtre".
Mohamed Badie et ses deux adjoints, Khairat al-Chater et Rachad Bayoumi, sont, eux, poursuivis pour "incitation au meurtre et à la torture" de manifestants anti-Morsi qui avaient attaqué le quartier général des Frères musulmans, le 30 juin, lors de la grande manifestation des opposants à Mohamed Morsi. Le procès de ces cadres de la confrérie islamique devrait commencer le 25 août.
Près d’un millier d’islamistes ont été arrêtés en une semaine. Le dernier en date n’est autre que le porte-parole des Frères musulmans, Ahmed Aref. Il a été arrêté jeudi 22 août.
Avec dépêches