![Les Frères musulmans appellent à de nouvelles manifestations au Caire Les Frères musulmans appellent à de nouvelles manifestations au Caire](/data/posts/2022/07/18/1658154545_Les-Freres-musulmans-appellent-a-de-nouvelles-manifestations-au-Caire.jpg)
Un calme précaire est revenu au Caire au lendemain des affrontements sanglants entre forces de sécurité et manifestants pro-Morsi. Mais les Frères musulmans appellent à des rassemblements ce jeudi, faisant craindre de nouvelles violences.
Hier, la place Rabaa al-Adawiya, dans le nord du Caire, n’était plus qu’un champ de guerre. Aujourd’hui, la circulation automobile reprend peu à peu alors que l'endroit est souillé du sang des partisans du président égyptien déchu Mohamed Morsi, violemment évacués par l’armée mercredi 14 août.
La justice égyptienne a prorogé de 30 jours la période de détention de l'ex-président Mohamed Morsi, déposé par l'armée le 3 juillet, selon l'agence de presse officielle Mena.
L'ancien chef de l'État, issu des Frères musulmans, est détenu dans un lieu tenu secret pour meurtres et espionnage présumés.
Le couvre-feu, instauré dans plusieurs grandes villes, a été levé ce jeudi à 6 heures, mais le centre-ville du Caire reste inhabituellement calme. "De nombreux Égyptiens ont peur de sortir de chez eux […]. Tout le monde est sur ses gardes, la situation est très volatile", témoigne Sonia Dridi, la correspondante de FRANCE 24 dans la capitale égyptienne. L’état d’urgence, douloureux souvenir du règne de Hosni Moubarak, a été décrété pour un mois.
La veille, 525 personnes ont été tuées dans les affrontements entre les forces de l’ordre et les pro-Morsi dans différentes villes d’Égypte, selon un bilan fourni jeudi 15 août par les autorités à la mi-journée. Les Frères musulmans, eux, parlent de plusieurs milliers de morts.
Des marches à haut risque pour dénoncer le massacre
La confrérie, dont est issu le président Morsi destitué le 3 juillet, appelle ses partisans à manifester aujourd'hui pour dénoncer ce "massacre", faisant craindre une nouvelle flambée de violences. Les Frères musulmans promettent de continuer à lutter contre "le coup d’État militaire". "Nous serons toujours non violents et pacifiques. Nous restons forts, mobilisés et déterminés, écrit ainsi l’un des porte-paroles des Frères musulmans, Gehad el-Haddad, sur son compte Twitter. Nous allons continuer jusqu’à ce que le coup d’État soit mis en échec."
Le ministre de l’Intérieur, Mohamed Ibrahim, assure lui que la police ne tolèrera plus aucun sit-in ni aucune manifestation. "Nous avons jugé que les choses avaient atteint un point qu’aucun État se respectant ne pouvait accepter", a-t-il déclaré. Il a également promis un retour à la sécurité "d’avant le 25 janvier" 2011, début du soulèvement contre l’ex-rais Hosni Moubarak, alors au pouvoir depuis 30 ans.
Pour l’heure, peu d’Égyptiens semblent croire à un retour au calme. Nombre d’entre eux, notamment les coptes, dont des églises ont été prises pour cible par les pro-Morsi mercredi, cherchent à quitter le pays. Des files de voitures s’allongent devant l’aéroport du Caire. "On peut s’attendre à une nouvelle vague de départs de la communauté copte, explique Sonia Dridi. Ils ont été l’objet de nombreuses attaques depuis la chute de Morsi. Certains partisans du président déchu les considèrent comme responsables du coup d’État." Jeudi, 84 personnes, dont plusieurs Frères musulmans, ont été déférées devant la justice. Elles sont accusées de meurtre et d'incendies d'églises coptes.