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Seconde Guerre mondiale : Shinzo Abe n'exprime plus ses regrets

Dans son discours lors de la commémoration de la capitulation japonaise en 1945, le Premier ministre nippon n'a cette année exprimé aucun regret envers l'Asie pour les souffrances infligées par le Japon, provoquant la colère de Pékin et Séoul.

Chaque année, la commémoration de la capitulation japonaise durant la seconde guerre mondiale est un épisode délicat dans les relations diplomatiques entre la Chine et le Japon. Cette année davantage encore. Dans son discours prononcé jeudi 15 août à l’occasion du 68e anniversaire de la capitulation nippone, le Premier ministre japonais, Shinzo Abe n'a formulé aucun regret envers l'Asie pour les souffrances infligées par le Japon pendant la Seconde guerre mondiale.

Il a ainsi rompu avec une tradition établie depuis une vingtaine d'années, qui veut que le chef du gouvernement japonais présente systématiquement ses regrets lors de cette allocution annuelle du 15 août.

Dans un bref discours tenu lors d'une cérémonie en présence de l'empereur Akihito et de l'impératrice Michiko, le chef du gouvernement japonais s'est contenté de rendre hommage aux victimes du conflit et de souhaiter que la paix dure."Je n'oublierai jamais le fait que la paix et la prospérité dont nous jouissons actuellement découlent du sacrifice de vos vies", a déclaré Shinzo Abe à l'adresse des Japonais disparus pendant la guerre du Pacifique. Et de simplement conclure: "nous allons faire de notre mieux pour apporter notre contribution à la paix dans le monde".

Visite du sanctuaire Yasukuni

Comble de la provocation pour les Chinois et les Sud-Coréens : deux ministres nippons se sont rendus au sanctuaire Yasukuni. Ce lieu de culte shintoïste controversé, vénère la mémoire des soldats japonais tués au combat, et reste considéré par les voisins du Japon comme le symbole de son passé militariste.

Yoshitaka Shindo, ministre des Affaires intérieures et des communications du gouvernement de droite de Shinzo Abe, a prié au Yasukuni. Un autre ministre, Keiji Furuya, président de la commission nationale de sécurité publique, l'a suivi quelques minutes plus tard. "La consolation des âmes des victimes de guerre est une affaire purement nationale. Les autres pays ne doivent pas critiquer ou faire interférence", a déclaré ce dernier à la presse.

Protégé par des centaines de policiers, le lieu de culte a vu défiler par ailleurs de nombreux Japonais "ordinaires", descendants de soldats tués pendant la Seconde guerre mondiale. Postés à l'intérieur, des militants d'extrême droite arboraient des drapeaux appelant la population à rendre hommage à ces soldats.

Le Premier ministre Abe, lui, ne s'est pas rendu au Yasukuni, pour ne pas envenimer davantage les relations avec ses voisins, et notamment la Chine. Le chef du gouvernement a néanmoins fait déposer une branche d'un arbre sacré par l'un de ses collaborateurs. Shinzo Abe "offre ses sincères condoléances aux âmes de nos ancêtres et s'excuse de ne pas venir au sanctuaire", a déclaré cet assistant à l'agence Jiji.

Colère de la Chine

À Pékin, la réaction ne s’est pas faite attendre. Le gouvernement chinois a aussitôt convoqué l'ambassadeur du Japon pour lui faire part de la protestation officielle de la Chine après cette visite. Le pays a également "condamné fermement" la visite jeudi de deux ministres nippons au sanctuaire Yasukuni à Tokyo, peut-on lire dans un communiqué du ministère chinois des Affaires étrangères.

Les relations du Japon avec ses voisins restent marquées par le souvenir des atrocités commises par les troupes impériales pendant la colonisation de la péninsule coréenne (1910-1945) et lors de l'occupation partielle de la Chine (1931-1945).

L'anniversaire de la capitulation nippone intervient cette année dans un contexte sino-japonais particulièrement tendu depuis que le Japon a nationalisé, en septembre dernier, une partie des îles Senkaku en mer de Chine orientale.
 

Avec dépêches