Après la dispersion sanglante des manifestants pro-Morsi en Égypte, qui a fait au moins 525 morts selon les autorités, la communauté internationale a unanimement condamné ces violences. François Hollande a demandé la levée de l'état d'urgence.
L'Égypte a fermé mercredi son point de passage avec la bande de Gaza pour une durée indéterminée après les violences nées de la dispersion sanglante de partisans du président islamiste déchu Mohamed Morsi, selon un responsable de la sécurité.
Des centaines de travailleurs palestiniens traversent chaque jour le point de passage de Rafah, dans la péninsule du Sinaï, dans les deux sens. (AFP)
La communauté internationale a vivement réagi et condamné l'évacuation meurtrière des partisans du président islamiste déchu Mohamed Morsi par l'armée, au Caire, mercredi 15 août. Des violences qui auraient fait au moins 525 morts dans tous le pays, en très grande majorité des civils, selon le dernier bilan, jeudi, du gouvernement égyptien.
La France, qui a demandé "l'arrêt immédiat de la répression", a annoncé qu'elle saisissait le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-Moon, et ses principaux partenaires "pour qu'en urgence une position internationale soit prise en ce sens".
Le président François Hollande a, par ailleurs, convoqué jeudi l'ambassadeur d'Égypte en France, Nasser Kamel, à l'Élysée. Le chef de l'État a appelé en fin de matinée à "tout mettre en œuvre pour éviter la guerre civile" et à souligné que "l’état d’urgence devait être levé rapidement".
Regrettant des événements "lamentables", le secrétaire d'État américain John Kerry a appelé le gouvernement intérimaire et l'armée à "empêcher davantage de violence" et à "proposer des options constructives, parmi lesquelles le remaniement de la Constitution et l'organisation d'élections législatives et présidentielle".
"Les États-Unis donnent quelque 1,3 milliard d’euros en aide militaire à l’Égypte. Il y aurait donc des leviers pour peser sur le Caire, mais seront-ils utilisés ? A priori non," explique Stanislas de Saint Hippolyte, correspondant de FRANCE 24 à Washington. Les Américains pourraient en revanche décider de suspendre leur participation à des
itexercices militaires communs prévus en septembre, précise-t-il.
Et d'ajouter, "l’armée égyptienne est le partenaire central des Américains dans la région et un acteur incontournable pour assurer la sécurité d’Israël".
Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a pour sa part "condamné dans les termes les plus fermes les violences qui se sont produites au Caire, quand les services de sécurité égyptiens ont utilisé la force" contre les manifestants. Il a demandé "à tous les Égyptiens de concentrer leurs efforts sur la promotion d'une réconciliation sans exclusive", selon son porte-parole.
Un peu plus tôt, le Premier ministre turc islamo-conservateur, Recep Tayyip Erdogan, avait appelé "la communauté internationale avec en tête le Conseil de sécurité de l'ONU et la Ligue arabe" à "immédiatement passer à l'acte pour faire cesser ce massacre".
Dans un communiqué, le Premier ministre Erdogan avait souligné que l'attitude conciliante de la communauté internationale à l'égard du "coup d'État" en Égypte "n'avait fait qu'encourager l'actuel gouvernement en vue de son intervention d'aujourd'hui (mercredi)".
itLe président turc Abdullah Gül a, lui, jugé inacceptable une "intervention armée contre des civils qui manifestent" et dressé un parallèle avec le début de la contestation en Syrie, avant qu'elle ne dégénère en conflit armé.
Le terme de "massacre" a également été employé par le mouvement palestinien du Hamas et par Téhéran, qui a évoqué "la possibilité d'une guerre civile" en Égypte.
Le Qatar, principal soutien des Frères musulmans, a condamné "avec force" l'intervention de la police contre des "manifestants pacifiques".
La répression de mercredi est "un grave coup porté à la réconciliation et aux espoirs du peuple égyptien pour une transition démocratique", a estimé le secrétaire d'État américain, sans dire un mot de l'assistance militaire annuelle de 1,3 milliard de dollars que les États-Unis versent à l'armée égyptienne.
Appels à la retenue
Partout en Occident, où le renversement le 3 juillet du président Morsi, démocratiquement élu au printemps 2012, n'a guère suscité de critiques, les appels à la retenue se sont multipliés.
À Moscou, le ministère russe des Affaires étrangères a appelé "toutes les forces politiques" à la "retenue" et au "sang-froid", afin d'éviter une nouvelle escalade des tensions et d'autres victimes.
Le chef de la diplomatie de l'Union européenne, Catherine Ashton, a elle aussi appelé "les forces de sécurité à faire preuve de la plus grande retenue et tous les citoyens égyptiens à éviter de nouvelles provocations et une escalade" de la violence. Elle a également réclamé la levée de l'état d'urgence "dès que possible".
Le président du Parlement européen, Martin Schulz, a, quant à lui, jugé que "les nombreux morts dénombrés ce matin au Caire étaient inacceptables".
Le chef de la diplomatie britannique, William Hague, "profondément inquiet de l'escalade de la violence en Égypte", a condamné le recours à la force et appelé "les forces de sécurité à agir avec retenue".
La Suède a estimé, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Carl Bildt, que la "principale responsabilité" des "tueries" en Égypte incombait au régime.
Avec dépêches
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