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"Burka Avenger", la super-héroïne pakistanaise en burqa débarque en Europe

La nouvelle série pakistanaise "Burka Avenger", relatant l'histoire d'une super-héroïne en burqa qui combat l'ignorance et la tyrannie, est sur le point d'être diffusée dans 60 pays. Le dessin animé suscite de nombreuses critiques des féministes.

Exit les Batman, Spiderman et Superman, le dernier super-héros à la mode est une femme et elle est Pakistanaise. Son signe distinctif ? Elle ne porte pas de collants moulants ni de cape, mais une burqa. La super-héroïne combat les islamistes et les politiciens corrompus à coups de crayons et de livres. "Burka Avenger" – La Vengeresse en Burqa, en français – est la première série télé d'animation en trois dimensions de l'histoire du Pakistan.

Depuis sa diffusion le 28 juillet sur la chaîne privée GEO Teez, le dessin animé connaît un véritable succès au Pakistan. Il devrait même dépasser les frontières car la série hebdomadaire doit être diffusée dans 60 pays, au dire de l’un de ses créateurs, Haroon, également star de la chanson au Pakistan."La réaction a été absolument phénoménale, bien au-delà de nos attentes. Cette série d'animation était destinée au Pakistan mais il semble que le monde entier veuille en savoir davantage sur ‘Burka Avenger’", raconte le chanteur de 40 ans. "Nous avons été approchés par un distributeur en Europe, qui souhaite traduire ‘Burka Avenger’ dans 18 langues (dont le français)", poursuit-il, le sourire aux lèvres.

"Burka Avenger", inspirée de Malala ?

L'idée de cette vengeresse masquée préservant son anonymat grâce à une burqa est née en avril 2011. À l'époque, Haroon s’est rapproché du dessinateur Yousaf Ejaz, un Pakistanais de Peshawar, qui avait déjà travaillé avec les studios Disney.

Leur petite équipe planche alors sur un jeu destiné à l’iPhone du géant américain Apple. Une fois le jeu terminé, ils tournent une vidéo d'animation de trois minutes pour  promouvoir l'application. C'est à ce moment que nait l'idée d'une série télé en 3D.

"Burka Avenger" est d'une actualité brûlante dans ce pays musulman, où plus de la moitié des jeunes filles ne sont pas inscrites à l'école. Une situation régulièrement décriée par la jeune militante Malala Yousafzaï, qui a survécu en octobre à une attaque des talibans.

Les thèmes de la "Vengeresse en burqa" semblent directement empruntés à l'histoire et au combat de Malala, mais les créateurs de la série ne connaissaient pas l'adolescente lorsqu'ils ont trouvé le concept de leur série au printemps 2012. "Nous sommes tombés de haut (lorsque nous avons appris l'histoire de Malala, ndlr) car nous travaillions exactement sur la même histoire : celle d'une jeune fille qui combat les méchants pour garder son école ouverte. ‘Burka Avenger’ est la super-héroïne d'une série d'animation, mais aussi une super-héroïne dans la vraie vie", se félicite Haroon.

Une Wonder woman en burqa controversée

La série a toutefois été critiquée par des féministes au Pakistan qui s'offusquent de voir une burqa "donner du pouvoir" aux femmes, mais aussi par des islamistes pour qui l'idée de "jouer" avec le symbole de ce long voile ne laissant entrevoir que les yeux passe mal.

Le directeur artistique de la série, Yousaf Ejaz, se défend de détourner la burqa et affirme avoir voulu intégrer un aspect de la culture locale pakistanaise, et plus spécifiquement des régions pachtounes du nord-ouest du pays. "Enfant, j'étais un fan de Batman. Ma grand-mère était pachtoune et avait une burqa. Alors il m'arrivait de me prendre pour Batman en portant une burqa", blague-t-il à propos du super-héros qui, comme sa vengeresse bien aimée, est aussi masqué pour protéger son identité et vole grâce à une cape.

"'Burka Avenger' ne porte pas tout le temps la burqa : elle choisit de la porter pour protéger son identité. C'est un personnage fort, pas faible et oppressé", se défend le créateur de la série, qui prépare déjà la deuxième saison des aventures de la vengeresse masquée.

Avec dépêches