Envoyé en Égypte par Barack Obama, John McCain, accompagné d’un autre sénateur, a rencontré plusieurs membres du nouveau gouvernement ainsi que des responsables politiques pro-Morsi. Il a appelé au dialogue, et à la libération du président déchu.
La communauté internationale s’active en Égypte pour tenter de résoudre la crise politique qui frappe le pays depuis la destitution de Mohamed Morsi par l’armée, le 3 juillet.
Dépêchés au Caire, mardi 6 août, par le président Barack Obama, les deux sénateurs américains, Lindsey Graham et John McCain, ont rencontré le chef d'état-major des armées, le général Abdel Fattah al Sissi, le vice-président par intérim Mohamed El-Baradei et le Premier ministre par intérim Hazem El-Beblaoui. Ils se sont également entretenus avec des responsables du Parti de la liberté et de la justice (PLJ), émanation politique des Frères musulmans. Ils ont pris le relais du secrétaire d'État américain adjoint William Burns, déjà sur place depuis plusieurs jours.
En fin de journée, les deux membres influents du Congrès ont donné une conférence de presse durant laquelle ils ont appelé au dialogue entre les pro et anti-Morsi afin d’éviter une nouvelle flambée de violence. Ils demandent un "processus politique ouvert à tous", incluant notamment les Frères musulmans, le parti de Mohamed Morsi dont ils souhaitent la libération. Le président déchu est actuellement toujours détenu dans un lieu tenu secret par les militaires.
Washington embarrassé
Les États-Unis, principal bailleur de fonds de l'Égypte avec 1,5 milliard de dollars annuels, dont 1,3 pour la seule armée, semblent embarrassés par la situation de leur principal allié arabe dans la région. Pour John McCain, les États-Unis devraient maintenir leur aide militaire à l'Égypte. "Réduire l'aide serait envoyer le mauvais signal au mauvais moment", a déclaré l’ancien candidat républicain à la présidentielle lors de sa conférence de presse. Une probable réponse aux propos tenus, il y a quelques jours par, le secrétaire d'État John Kerry, qui a estimé que l'armée avait renversé Morsi, dont des millions de manifestants réclamaient le départ, pour "rétablir la démocratie".
Plus nuancé, Lindsey Graham, pour sa part, a résumé le dilemme qui se pose à la diplomatie américaine en déclarant : "Les gens au pouvoir n'ont pas été élus. Les gens qui ont été élus sont en prison. Le statu quo n'est pas acceptable."
Ballet diplomatique ininterrompu
Les États-Unis ne sont pas les seuls à se relayer au Caire pour tenter d’apaiser les tensions. Six parlementaires britanniques ont rencontré mardi le ministre des Affaires étrangères Nabil Fahmy qui leur a assuré que les nouvelles autorités travaillaient à la réconciliation nationale dans le pays profondément divisé.
Des ministres européens et américains, mais aussi africains et arabes, font également le déplacement depuis une semaine, prônant à la fois la retenue en cas d'intervention de la police et tentant en même temps de convaincre les Frères musulmans de se disperser et de participer aux élections promises le pouvoir intérimaire pour début 2014. La feuille de route annoncée par l’armée après la destitution de Mohamed Morsi prévoit également une nouvelle Constitution.
Plus de 250 personnes ont été tuées depuis fin juin dans des affrontements entre pro et anti-Morsi et entre forces de l'ordre et pro-Morsi. Et la communauté internationale redoute qu'une tentative de dispersion ne tourne au bain de sang, les pro-Morsi s'étant barricadés avec femmes et enfants sur les deux places Rabaa al-Adawiya et Nahda.
Avec dépêches