
Une "opération de grande ampleur" a débuté vendredi en Tunisie au mont Chaambi, près de la frontière algérienne, pour éradiquer le groupe "Phalange Okba Ibn Nafaâ", proche d'Al-Qaïda. Pendant ce temps-là, les manifestations se poursuivent.
L'armée tunisienne menait vendredi 2 août une opération "de grande ampleur" pour "éradiquer" un groupe armé à la frontière algérienne où huit soldats ont été sauvagement tués lundi. Les accrochages ont éclaté dans la nuit au mont Chaambi, où l'armée traque depuis décembre un groupe appelé "Phalange Okba Ibn Nafaâ", soupçonné d'être lié à Al-Qaïda et de compter des vétérans de la rébellion islamiste du Nord-Mali.
Selon le porte-parole de l'armée, Taoufik Rahmouni, "une opération de grande ampleur, avec usage d'unités aériennes et terrestres, a débuté à l'aube pour assainir la montagne" Chaambi. "Les opérations vont se poursuivre jusqu'à leur éradication", a-t-il dit à l'AFP. L'Algérie avait annoncé jeudi avoir déployé des renforts militaires de son côté de la frontière.
Une douzaine de salafistes arrêtés
Les forces de sécurité tunisiennes ont désamorcé une bombe retrouvée près de la résidence d'un colonel de l'armée vendredi. "Je pense que les terroristes tentent d'envoyer un message à l'armée et aux forces de sécurité", a dit un policier près du lieu d'intervention. "Nous avons reçu le message et nous allons défendre notre
nation contre eux et ils ne triompheront pas", a--t-il ajouté.
Dans le même temps, un groupe d'une douzaine de militants salafistes a été arrêté à l'aube vendredi dans une mosquée de Kasserine, selon une source militaire. Quelques dizaines de militants islamistes sont sortis dans la nuit manifester dans les rues de la ville pour dénoncer ces arrestations, selon un journaliste de l'AFP.
Le ministère de l'Intérieur a aussi annoncé qu'un "extrémiste religieux" s'était tué et avait blessé sa femme chez lui près de Tunis en manipulant des explosifs. Dans la matinée, le ministère avait déjà indiqué qu'un autre homme avait eu la main arrachée dans des circonstances similaires dans le nord du pays, alors qu'en début de semaine les autorités avaient fait état d'un attentat raté contre une patrouille de gendarmes au sud de la capitale.
C'est au mont Chaambi que huit militaires ont été tués et mutilés dans une embuscade lundi. Trois autres soldats et un gendarme ont trouvé la mort et une vingtaine d'autres ont été blessés dans ce massif depuis décembre. Cette attaque sanglante vient aggraver la crise déclenchée le 25 juillet par l'assassinat d'un député d'opposition, Mohamed Brahmi, un crime attribué à la mouvance djihadiste.
Ennahda espère une démonstration de force samedi soir
Dans la rue, la mobilisation des deux camps - pro et antigouvernement islamiste - se poursuivait une semaine après la mort du député. Des milliers de manifestants, comme toutes les nuits, se sont rassemblés devant l'ANC, des actions qui débutent tous les soirs après la rupture du jeûne du ramadan.
Si les opposants étaient une nouvelle fois nettement plus nombreux, Ennahda espère effectuer une démonstration de force samedi dans la soirée, le parti ayant appelé à une vaste manifestation "contre le terrorisme" et pour défendre sa légitimité place de la Kasbah à Tunis, où siège le gouvernement.
Avec dépêches