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"Rentrez chez vous !", la publicité anti-clandestins qui fait controverse à Londres

Une campagne publicitaire appelant, sur un ton menaçant, les immigrés clandestins à rentrer chez eux a déclenché un véritable tollé au Royaume-Uni. Certains dirigeants d'opposition évoquent une méthode à la "Big Brother".

"Au Royaume-Uni de façon illégale ? Rentrez chez vous ou prenez le risque d’être arrêté." Le message adressé aux immigrés clandestins de Londres ne souffre d’aucune ambiguïté. Une paire de menottes et une statistique choc ("106 arrestations dans votre quartier la semaine dernière") viennent renforcer le ton menaçant de l'affiche publicitaire choisie par le gouvernement britannique pour inciter les clandestins à rentrer chez eux.

Cette campagne publicitaire atypique est actuellement en phase de test dans la capitale britannique, où deux camionnettes sillonnent les quartiers à forte population étrangère. Objectif du ministère de l’Intérieur, qui pilote l’opération : renvoyer les clandestins à moindre frais pour le gouvernement.

Selon le porte-parole du Premier ministre britannique David Cameron cette campagne ne coûte que 10 000 livres (11 500 euros) contre 15 000 livres pour renvoyer un immigré de force dans son pays. En d’autres termes, il suffirait qu’un seul clandestin ne morde à l’hameçon pour que le gouvernement rentre dans des frais.

Le spectre de "Big Brother"

Une vision purement comptable de cette campagne publicitaire qui provoque des tensions entre le parti conservateur de David Cameron et ses alliés du parti libéral-démocrate. Parmi ces derniers, le ministre du Commerce, Vince Cable, a dénoncé une initiative "stupide et repoussante". Même son de cloche dans l’opposition travailliste qui juge cette campagne publicitaire "ridicule".

La condamnation la plus surprenante est venue du parti populiste  et anti-européen Ukip, qui a fait de la lutte contre l’immigration son cheval de bataille. "C'est très 'Big Brother' (...) très Allemagne de l'Est des années 1980, c'est tout simplement une horrible façon" d'inciter les clandestins à rentrer chez eux, a estimé le leader d’Ukip, Nigel Farage, sur les ondes de la radio londonienne LBC.

Le gouvernement a néanmoins confirmé que l’extension de cette campagne à l’ensemble du Royaume-Uni était actuellement à l’étude. Reste au ministère de l’Intérieur à révéler le nombre de clandestins ayant appelé le numéro de téléphone affiché sur les affiches et les camionettes publicitaires pour demander des "conseils gratuits" ou de l’"aide pour ses documents de voyage".

Avec dépêches