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Bradley Manning, la taupe de Wikileaks, attend son verdict

Bradley Manning, le jeune soldat américain, accusé d'avoir livré des informations confidentielles au site WikiLeaks, attend son jugement ce mardi. S'il est reconnu coupable, il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité sans possibilité de remise de peine. Le jeune soldat américain Bradley Manning doit connaître mardi 30 juillet le verdict de la justice militaire dans la plus importante affaire de fuite de documents secrets de l'histoire américaine, qu'il a organisée vers le site WikiLeaks.

Sur la base militaire de Fort Meade, au nord de Washington, où se tient depuis juin son procès en cour martiale, la juge militaire a prévu de rendre sa décision à 13h00, heure locale (17h00 GMT).

Le soldat de 25 ans a reconnu avoir transmis quelque 700 000 documents militaires et diplomatiques au site WikiLeaks, lorsqu'il était analyste du renseignement en Irak, de novembre 2009 à son arrestation en mai 2010. Bradley Manning pourrait ne jamais sortir de prison s'il est reconnu coupable de la seule charge de "collusion avec l'ennemi", le plus grave des 22 chefs d'accusation.

Il a même plaidé partiellement coupable pour dix charges pour un total de 20 ans de prison. Il a cependant plaidé non-coupable des autres charges, dont celle d'avoir sciemment aidé Al-Qaïda.

Pour le reconnaître coupable de "collusion avec l'ennemi", la juge doit être convaincue "au-delà du doute raisonnable" que Manning avait conscience que ces documents pouvaient finir entre les mains du réseau extrémiste.

Manning, présenté par sa défense comme un être fragilisé par ses troubles d'identité sexuelle, encourt au total 154 ans de prison pour les 21 autres charges et violations du code militaire, dont "conduite de nature à jeter le discrédit sur les forces armées", fraude informatique, vols et atteintes à la loi sur l'espionnage de 1917.

"Jeune et naïf"

Son avocat David Coombs a demandé l'acquittement pour les accusations d'espionnage, de fraude informatique et "de collusion avec l'ennemi". Lors de ses plaidoiries finales, il a soutenu que Manning n'était pas un traître, comme l'affirme l'accusation, mais quelqu'un de "jeune, naïf et bien intentionné", qui a été choqué par ce qu'il a vu en Irak.

L'avocat avait à ce propos montré la vidéo d'une bavure commise par un hélicoptère de combat contre des civils en Irak en juillet 2007, que Manning a livrée à WikiLeaks parce qu'il l'avait en horreur. Le jeune soldat ne s'est pas exprimé lors du procès mais avait affirmé au cours d'une audience préliminaire qu'il avait voulu "provoquer un débat public".

Lors de son réquisitoire, l'accusation l'avait, au contraire, dépeint comme un être égoïste et téméraire, qui savait parfaitement qu'en transmettant des documents à WikiLeaks, ces derniers seraient mis en ligne et consultés par les ennemis des États-Unis, en premier lieu Al-Qaïda. "Votre honneur, ce n'était pas un lanceur d'alerte, c'était un traître", avait asséné le procureur militaire Ashden Fein, en requérant une condamnation pour aide à l'ennemi.

Selon le réseau de soutien de Manning, 17 députés européens ont écrit une lettre au président Barack Obama et au ministre de la Défense Chuck Hagel appelant à la libération du soldat estimant qu'il a "déjà trop souffert" en endurant l'isolement en détention. Une fois le verdict énoncé, la phase du procès consacrée à fixer la peine pourra commencer, vraisemblablement dès mercredi.

Avec dépêches