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Affaire Tapie : des lettres compromettantes renforcent la thèse de l'escroquerie

Des courriers échangés entre l'avocat de Bernard Tapie et le juge arbitre Pierre Estoup en 2006, publiés mardi par Le Monde, accablent la défense de l'homme d'affaire. Des révélations jugées "bidon" par ce dernier.

Une nouvelle révélation publiée par le journal "Le Monde" dans son édition de mardi 30 juillet met une nouvelle fois à mal la défense de Bernard Tapie. Le quotidien révèle l’existence de lettres adressées par l'avocat de l’homme d’affaire au juge Pierre Estoup, qui étayent les soupçons d'escroquerie en bande organisée dans l'enquête sur l'arbitrage qui a soldé le litige opposant Tapie au Crédit Lyonnais.

Des lettres envoyées avant l’arbitrage

Dans ces deux lettres envoyées en 2006 par Maurice Lantourne au juge arbitre, avant que soit prise la décision de l'arbitrage, il est question du conflit lié à la vente d'Adidas, écrit mardi le quotidien, qui dit en avoir eu connaissance.

Maurice Lantourne et Pierre Estoup, tous deux mis en examen pour escroquerie en bande organisée dans cette affaire, avaient pourtant indiqué aux enquêteurs ne jamais en avoir parlé avant l'arbitrage, rendu en 2008.

Pour Maurice Lantourne, interrogé par le quotidien, les documents saisis ne que des  "projets de lettres". "Je maintiens n'avoir jamais demandé à Monsieur Estoup de travailler en 2006 sur ce dossier", a-t-il ajouté, tout en appelant chacun à "la plus grande prudence". Une version que Bernard Tapie a confirmé sur BFM TV, affirmant que les documents saisis par les juges n'étaient "que des projets qui n'ont pas, d'après Lantourne, été envoyés". "98,5% de ce qui est écrit (dans Le Monde) est bidon", a-t-il ajouté.

Un arbitrage pris "en âme et conscience"

Le conseil de Pierre Estoup, Me Renaud Bertin, a de son côté indiqué à Reuters ne pas avoir eu connaissance de ces lettres. Selon lui, quelles qu'elles soient, ces lettres ne changeraient rien au fond du dossier, puisqu'il estime que le délit d'escroquerie en bande organisée n'est pas caractérisé. "La seule chose que je sache c'est qu'en son âme et conscience, Monsieur Estoup a estimé qu'il pouvait prendre la charge de cet arbitrage", a-t-il dit.

"L'autre chose que je sais, c'est que les deux autres arbitres n'ont émis aucune critique sur le comportement de Monsieur Estoup pendant cet arbitrage", a-t-il ajouté, rappelant que toutes les décisions ont été prises à l'unanimité des trois juges.

Pierre Estoup a contesté sa mise en examen, se plaignant du traitement différencié auquel il est selon lui soumis par rapport aux deux autres personnalités désignées pour rendre cet arbitrage, Pierre Mazeaud et Jean-Denis Bredin. Or, d'après Le Monde, les juges s'intéressent également au rôle joué par ce dernier.

Les révélations se sont multipliées au cours des derniers mois sur les liens, alors dissimulés, entre Pierre Estoup et le "camp Tapie", notamment l'avocat Maurice Lantourne.

L'arbitrage controversé a accordé, en 2008, 403 millions d'euros à Bernard Tapie pour solder son litige avec le Crédit Lyonnais.

Avec dépêches