Une semaine après l'acquittement du tueur de Trayvon Martin, un adolescent noir tué par balles en Floride par un vigile autoproclamé, le président américain s'est longuement exprimé sur l'affaire qui a réveillé les vieux démons du racisme.
Le président américain a pris son temps pour réagir à l’acquittement du meurtrier de Trayvon Martin, ce jeune noir, non armé, abattu l’année dernière par un vigile bénévole en Floride. Mais, une semaine après l’annonce du verdict controversé, c’est un Barack Obama visiblement ému s'est longuement exprimé sur un sujet qui lui tient à cœur.
"Lorsque Trayvon Martin a été abattu, j'ai dit qu'il aurait pu être mon fils. Pour le dire autrement, il y a 35 ans, j'aurais pu être Trayvon Martin", a déclaré le président américain lors d’une apparition surprise dans la salle de presse de la Maison Blanche. Tout en se gardant de critiquer la décision du jury, Barack Obama a évoqué la "douleur" que l’acquittement avait provoqué dans une communauté noire encore victime de préjudices raciaux dans la vie quotidienne. Il a également souligné que "la communauté afro-américaine observe ces questions à travers un ensemble d'expériences, et une histoire qui ne disparaît pas", allusion à l'esclavage, aboli il y a 150 ans, et au régime de ségrégation abrogé il y a seulement un demi-siècle dans des Etats du Sud.
"Il y a très peu d'hommes afro-américains qui n'ont pas vécu l'expérience d'être suivis (par des vigiles) dans un grand magasin où ils faisaient leurs courses. Cela a été mon cas", a révélé le premier président noir de l’histoire des États-Unis.
Réforme des lois sur la légitime défense
Évoquant la question de la peine de mort, Barack Obama a rappelé qu’il existait une "histoire de disparités raciales dans l’application de nos lois pénales". "Et cela finit par avoir des conséquences sur la façon dont les gens interprètent l'affaire" Trayvon Martin, a ajouté le président.
Lors de ce discours solennel le chef d’État américain a également abordé le problème des lois locales qui permettent l’usage d’armes à feu dans les situations de légitime défense. C’est une législation de ce type qui a permis à George Zimmerman, le tueur de Trayvon Martin, de plaider la légitime défense et d’obtenir l’acquittement. Le gouverneur républicain de Floride, Rick Scott, avait quant à lui opposé une fin de non-recevoir aux appels militants à abroger ce texte controversé.
Tout en appelant à réduire la "défiance" entre les Afro-Américains et le système, Barack Obama s’est efforcé de conclure sur une note d’espoir : "Aussi difficile qu'ait été cette affaire pour beaucoup de gens, je ne veux pas que nous perdions de vue le fait que les choses s'améliorent (…) Chaque nouvelle génération semble faire des progrès pour faire évoluer les comportements"
Avec dépêches