
Après avoir révélé être victime de harcèlement moral par sa coach, Marlène Harnois a été suspendue deux ans par la Fédération de Taekwondo. La commission de discipline estime que les propos de la médaillée de bronze aux JO de Londres sont mensongers.
Il y a un an, la vie de Marlène Harnois ressemblait à un conte de fée. À Londres, cette athlète tricolore montait sur le podium des Jeux olympiques pour recevoir une médaille de bronze en Taekwondo. Pendant plusieurs semaines, la belle histoire de cette jeune Québécoise, naturalisée française en 2008, faisait le bonheur des quotidiens. Mais les honneurs et les cérémonies sont aujourd'hui déjà bien loin. La sportive n'est plus la bienvenue en équipe de France. Après avoir accusé une entraîneuse de harcèlement moral, elle a été suspendue pour deux ans, vendredi 19 juillet, par la Commission de discipline de la Fédération de Taekwondo.
Tout commence en avril dernier, lorsque Marlène Harnois est mise à l’écart suite à un incident avec l’entraîneur national Myriam Baverel, qui était à ses côtés lors des des JO. Quelques semaines plus tard, elle révèle aux médias les pressions et les insultes que lui infligent sa coach.
"Ça se produisait à tous les entraînements. Elle (Baverel) me disait : 'ferme ta gueule grosse m****, tu n'es qu'une sale p***, si tu n'es pas contente, retourne au Canada, prends-toi un aller simple'", a récemment raconté l’athlète de 26 ans dans une interview à Radio-Canada.
Marlène Harnois, née à Montréal, explique également que sa coach, qui l’a encouragée à venir en France, l’a poussée ensuite à contracter un mariage blanc en 2006 afin d’obtenir la nationalité française et d’intégrer l’équipe tricolore : "Elle voulait tester jusqu'où j'étais prête à aller, ce que j'étais prête à faire pour gagner une médaille olympique. Quand tu t'accroches à des rêves, quand tu penses aux Olympiques, quand c'est le sens que tu donnes à ta vie, t'es prête à tout accepter", affirme la double championne d'Europe qui a divorcé en 2009.
Gravité des propos
Mais ces révélations choc ne passent pas du côté de la Fédération, qui saisit la Commission de discipline en raison de "la gravité des propos qu'elle a tenus dans la presse à l'encontre de l'entraîneur national et du directeur technique national".
Le directeur technique national Philippe Bouedo prend le parti de Myriam Baverel et met en cause l’attitude de Marlène : "Je pense que c'est une athlète qui a disjoncté après les Jeux. Elle est en pleine dépression, elle est paumée".
Certains de ses coéquipiers, comme Anne-Caroline Graffe, médaillée d'argent à Londres, se range du côté de l’entraineur. D’autres, à l’image de la double championne du monde Gwladys Epangue, soutiennent en revanche la sportive. "Marlène, je lui connais des défauts. Elle ne m'a jamais menti, elle ne m'a jamais dit quelque chose de pas vrai. Je ne vois pas pourquoi elle mentirait ", a affirmé Epangue à RTL.
"Marlène prenait plus que les autres. Myriam lui criait dessus, elle l'insultait. Je me demande comment elle faisait pour supporter tout ça. Elle faisait partie des plus maltraitées, comme moi", a également raconté Marylou Sidibé, membre de l’équipe de France entre 2006 et 2009.
La Commission de discipline a finalement statué sur cette affaire et a décidé de suspendre Marlène Harnois pendant deux ans. "La commission de discipline fédérale considère les propos de Marlène comme mensongers et faux", a expliqué son avocat, Aurélien Hamelle.
Désormais privée de compétitions, la taekwondoïste va saisir la commission d'appel fédérale, puis éventuellement la justice administrative. "Je ne regrette rien, ou plutôt si, je regrette la réaction solidaire des dirigeants fédéraux contre moi. J'ai voulu faire évoluer la situation. Dans ma démarche, je faisais confiance à la fédération et au mouvement sportif, jusqu'à preuve du contraire. Et le contraire est vrai", a-t-elle déclaré après l’annonce de la sanction.
Marlène Harnois attend par ailleurs les résultats de l'enquête administrative diligentée par la ministre des Sports Valérie Fourneyron et dont les conclusions doivent être rendues à la fin du mois de juillet.