Les pratiques publicitaires de la marque Ricard sur Facebook ont été condamnées par la Cour de cassation. Une première tentative de restreindre la publicité pour l’alcool sur les réseaux sociaux.
L’alcool ne peut plus couler à flots sur les réseaux sociaux en France. La Cour de cassation a, en effet, jugé que la marque Ricard avait poussé le bouchon de la publicité pour ses spiritueux sur Facebook trop loin, révèle, mercredi 17 juillet, le site du magazine L’Expansion.
L’affaire concerne la campagne de publicité “Un Ricard, des rencontres” et l’application que la marque a développée pour le célèbre réseau social à cette occasion. Le groupe français contestait le jugement de 2012 de la Cour d’appel qui affirmait que ce slogan constituait une incitation à boire de l’alcool contraire au code de la santé publique. La marque soutient que le terme “rencontre” fait simplement référence aux mélanges d’ingrédients qui forment les cocktails. Ricard ne considère pas non plus, contrairement au verdict en appel, que la possibilité offerte par cette application de partager avec ses amis sur Facebook des recettes de cocktails constitue de la publicité pour des boissons alcoolisées.
Sur les deux points, la Cour de cassation a débouté, dans son arrêt en date du 3 juillet 2013, le géant français du pastis qui est condamné à mettre un terme à cette campagne en ligne débutée en 2011. La plus haute juridiction civile française “fait sienne l’interprétation de la Cour d’appel selon laquelle le terme ‘rencontre’ est une incitation directe à consommer du Ricard dans le but de vivre des moments de convivialité”, souligne sur le site e-marketing Eric Andrieu, avocat associé au cabinet Péchenard & associés et spécialiste du droit de la publicité.
Pas touche aux jeunes
“C’est le point essentiel de cet arrêt car il encadre pour la première fois ce que les marques d’alcool ont le droit de faire en terme de marketing et de publicité sur Facebook et les réseaux sociaux en général”, souligne Anthony Bem, avocat du droit des nouvelles technologies, contacté par FRANCE 24. Pour les Ricard et autres, c’est un sacré pavé dans la mare. “L’arrêt interdit d’utiliser la Toile pour vanter les soi-disant qualités sociales de l’alcool et tenter les internautes”, explique cet expert. La Cour de cassation les prive, ainsi, d’un de leurs “messages de communication favoris” pour toucher les jeunes, très friands de nouvelles technologies.
En outre, les juges ne veulent pas de l’application développée par Ricard sur le Net. Elle permettait de partager sur son mur Facebook une recette accompagnée du message “Vous aussi récupérez des Ricard Mix avec l'application Ricard Mix Codes”. “Le fait que ce message soit relayé par l'intervention d'un internaute à l'attention de son réseau d'amis ne lui fait pas perdre son caractère publicitaire”, rappelle la Cour de cassation. Pour les juges, ce partage, potentiellement infini, rend la publicité pour les spiritueux Ricard “intempestive, inopinée et systématique”. La marque doit donc faire disparaître cette application du Web sous peine de payer une astreinte de 10 000 euros par jour de retard.