Bruxelles apporte son soutien à la France, qui refuse d’homologuer des modèles de Mercedes malgré les récriminations du constructeur allemand Daimler. Un contentieux qui porte sur un gaz réfrigérant dangereux pour les uns, écologique pour les autres.
Pour une fois, la France prend l’avantage sur l’Allemagne dans un bras de fer économique. Le 16 juillet, Bruxelles a approuvé le refus des Français, début juillet, d’homologuer plusieurs nouveaux modèles de véhicules Mercedes. Une décision que le constructeur Daimler et l’Allemagne contestent.
"Selon les premières analyses, certains véhicules de ce constructeur [les nouvelles classes A, classe B et CLA, NDLR] ne respectent pas la réglementation européenne, et ils ne doivent être ni commercialisés ni immatriculés dans l’Union européenne”, a ainsi affirmé le commissaire européen à l’Industrie Antonio Tajani. Au lieu de renvoyer Paris dans ses cordes, ce dernier incite ainsi les autres membres de l’Union européenne à suivre l’exemple français. Bruxelles a, également, laissé planer la possibilité d’ouvrir une procédure d’infraction contre l’Allemagne qui a, de son côté, homologué ces véhicules controversés.
Tout cela pour une simple histoire de gaz réfrigérant. Enfin pas si simple que cela : une nouvelle réglementation européenne, entrée en vigueur le 1er janvier 2013, oblige tous les constructeurs automobiles à adapter le système de climatisation de leurs nouveaux modèles afin de pouvoir utiliser un nouveau gaz réfrigérant, le HFO-1234y, censé être plus écolo.
Gaz dangereux ?
Daimler refuse de se plier à cette nouvelle règle. Le fabricant de Mercedes a, depuis début 2012, prévenu qu’il maintiendrait l’ancien gaz réfrigérant, présenté comme plus sûr, même s’il est considéré comme particulièrement polluant par les instances européennes. La marque allemande a d’ailleurs lancé une intense campagne de lobbying pour dénoncer les risques du nouveau gaz fabriqué par la multinationale américaine Honeywell et le géant américain de la chimie DuPont. Daimler s’appuie ainsi sur un rapport de 2011 de l’Institut fédéral allemand de recherche sur les matériaux et les essais (BAM) qui affirme qu’en cas d’accident ou de surchauffe du moteur, il y a un sérieux risque d’inflammation du HFO-1234y. D’autres études, notamment de l’Association mondiale des ingénieurs automobiles (SEA), ont par la suite conclu, au contraire, au caractère inoffensif du gaz.
Mais la voix de Daimler, largement reprise par les médias outre-Rhin et même par les écologistes allemands, a convaincu Berlin de faire fi de la réglementation européenne et d’homologuer les Mercedes. La position de la France, qui reste pour l’instant isolée en Europe, semble avoir pris de court le constructeur germanique. Le groupe s'est aussitôt plaint d’une interdiction de vente qui, si elle est maintenue, risque d’engendrer une baisse des ventes de l’ordre de 30 000 Mercedes. Si l’Union européenne continue de soutenir Paris dans ce différend et réussit à convaincre d’autres pays européens, le manque à gagner pourrait alors être encore plus élevé. Une réunion des représentants des 28 États doit se tenir à Bruxelles, mercredi 17 juillet, pour discuter des suites à donner à cette bataille commerciale.