
La commission "Grands Stades Euro-2016", présidée par Philippe Séguin, a conclu que l'état actuel des stades français ou une rénovation "a minima" ne permettra pas de rivaliser avec les autres nations candidates pour accueillir l'Euro 2016.
La commission "Grands Stades Euro 2016", présidée par Philippe Séguin, estime dans son rapport dévoilé lundi qu'une "rénovation a minima" des stades "empêcherait sûrement la réussite" de la candidature française à l'Euro-2016.
"Un simple ravaudage des stades existants, une rénovation a minima des enceintes entretiendraient peut-être l'illusion d'une candidature; ils empêcheraient sûrement sa réussite", prévient le rapport du président de la Cour des Comptes.
Les équipements "en sont restés aux temps préhistoriques (...). Le stade de demain sera couvert, confortable, sécurisé, et il n'y aura pas que du sport", a estimé M. Séguin, dont le rapport, commandé en janvier, a été remis lundi à Matignon au Premier ministre François Fillon, en présence de la ministre des Sports, Roselyne Bachelot, et de son secrétaire d'Etat Bernard Laporte.
Les stades actuels ont la capacité la plus faible parmi les cinq championnats majeurs (Angleterre, Allemagne, Espagne, Italie), et ne proposent pas "la gamme de services que les stades anglais ou allemands, de facture contemporaine, offrent aux spectateurs".
De plus, ils sont "davantage perçus comme un enjeu politique que vus comme un centre de ressources et de profits". Seuls 5% des clubs professionnels français possèdent leur stade, contre 22% en Europe.
Télé-dépendance
"Ces équipements modernes n'ont plus vocation à être réalisés systématiquement par les pouvoirs publics, a abondé François Fillon. La professionnalisation du sport, et l'économie qui en découle, doit inciter les investisseurs privés à se lancer dans de tels projets".
Le président de la Ligue de football professionnel (LFP), Frédéric Thiriez, a appelé à "une politique de grands travaux d'infrastructure où la rénovation des stades aurait toute sa place".
Le rapport suggère aussi que les acteurs publics puissent financer les "infrastructures d'accès". La construction du grand stade de Lyon achoppe d'ailleurs sur cette question.
De nouvelles enceintes dégageraient de nouvelles recettes en billetterie, restauration et produits dérivés, limitant la télé-dépendance (en 2005-2006, les droits TV représentaient 57% des ressources des clubs).
Compte tenu des travaux en cours ou prévus, "notre pays sera en mesure -- à la condition expresse que les projets annoncés soient menés à terme -- de disposer des infrastructures suffisantes à l'organisation de l'Euro 2016", assure le rapport.
Travaux en cours
Concernant les "grands stades" (capacité supérieure à 30.000 places), la commission a recensé quatre projets de création nouvelle (Lille, Lyon, Nice, Strasbourg), quatre projets de rénovation profonde (Lens, Marseille, Saint-Etienne, Nancy), et des aménagements possibles liés à une candidature pour l'Euro-2016 (Nantes, Rennes, Bordeaux, Toulouse).
Elle ajoute que le Stade de France "aura lui aussi besoin d'une adaptation". Un projet est également envisagé pour le Parc des Princes à Paris, et doit être dévoilé début janvier.
Pour aider ces projets, la commission propose une "sécurisation juridique" qu'a retenu M. Fillon, des facilitations administratives, des incitations fiscales et un assouplissement des réglementations (pelouse, toiture, gradins).
"La sécurisation juridique est un pare-feu nécessaire, a estimé le président de l'Olympique lyonnais, Jean-Michel Aulas. Aujourd'hui, tous les projets de modernisation sont freinés par des associations extrêmement minoritaires".