
L’arrestation, lundi 15 juilllet, du leader du gang des Zetas, Miguel Angel Trevino, est une importante victoire pour le gouvernement mexicain. Elle rappelle aussi l’importance de ce groupe paramilitaire qui a su s’adapter à son époque.
Miguel Angel Trevino, alias “Z-40”, n’est plus à la tête du redoutable gang paramilitaire mexicain Zetas. Il a été arrêté, lundi 15 juillet, dans ce qui est, à ce jour, le plus important succès du président mexicain Enrique Pena Nieto dans la lutte contre la violence liée au trafic de drogue.
Preuve de l’importance, aux yeux des autorités, du leader des Zetas : les États-Unis étaient prêts à verser cinq millions de dollars pour toute information menant à sa capture et le Mexique avait fait monter les enchères en ajoutant 1,5 million de dollars en plus au pot de cette récompense.
La lutte contre ce gang est, en effet, considérée au Mexique comme une priorité de sécurité nationale. Il est perçu comme le plus influent du pays, même si un combat sans merci pour le contrôle des lucratives routes de la drogue l’oppose à son rival historique, le Sinaloa Cartel. Dans un rapport publié en janvier 2013, l’unité de lutte contre le crime organisé au Mexique souligne que les Zetas dominent, pour l’instant, territorialement les autres gangs du pays. L’arrestation de Miguel Angel Trevino pourrait pousser le cartel de Sinaloa à “essayer d’expulser les Zetas de leurs territoires actuels”, analyse Stratfor, une agence de sécurité américaine.
“Le gang le plus technologiquement avancé”
Beaucoup a été écrit sur l’ultraviolence comme arme de prédilection des Zetas pour assurer leur domination sur le paysage du crime organisé mexicain. Ils sont responsables de meurtres de masse, d’assassinats de journalistes et de politiciens, d’actes de torture suivis de mises à mort de responsables des forces de l’ordre qui refusent de céder à la corruption : leur macabre tableau de chasse est impressionnant.
Mais ce n’est pas cet aspect que le FBI a retenu pour ériger les zetas au rang “de gang le plus dangereux au Mexique” en 2011. Pour l’agence de renseignement américaine, c’est aussi “le gang le plus technologiquement avancé et le plus sophistiqué qui soit”.
L’avantage technologique dont bénéficient les Zetas, d’après les autorités américaines, s’explique en grande partie par les origines hors du commun de ce gang. Au début des années 90, les Zetas n’étaient que la garde rapprochée des parrains du cartel du Golfe, le plus important du gang mexicain de l’époque. Il s’agissait de 31 membres des unités spéciales de l’armée mexicaine que le cartel avec réussi à corrompre.
Des militaires convaincus de l’importance des technologies de l’information et de la communication dans leur stratégie de prise de contrôle du monde du crime organisé au Mexique.
Exemple de l’accent mis sur la technologie : ils ont été les premiers à mettre en place une véritable “radio zetas”. Un système qui permet à tous ceux qui sont liés de près ou de loin au gang de communiquer rapidement entre eux. “C’est une technologie relativement peu cher à mettre en place qui permet d’envoyer d’un bout à l’autre du pays des informations qui peuvent être cryptées pour échapper aux autorités”, explique au site américain Vice le colonel américain Bob Killebrew, auteur de “Gangs, cartel et la sécurité nationale américaine”.
Zetas vs Anonymous
Les Zetas ont aussi élargi leurs activités professionnelles au-delà de la drogue, le kidnapping ou le racket en s’attaquant au marché du piratage en ligne, d’après le FBI. Une spécialisation qui ne veut pas dire qu’ils ont une horde de “hackers” à leur solde. “Les Zetas font comme ils ont toujours fait lorsqu’ils ont besoin d’une expertise quelconque : ils kidnappent les personnes qui peuvent les aider, les font travailler pour eux puis les liquident”, note Bob Killebrew.
Prompts à utiliser les technologies à leurs avantages, ils en connaissent aussi les risques pour eux. Les Zetas se sont ainsi mis en tête de purger les réseaux sociaux au Mexique de toute présence qui pourrait leur causer du tort. Les corps démembrés de deux Mexicains, accusés par les Zetas d’être critiques à leur égard sur Internet, ont ainsi été pendus, en septembre 2011, près de la ville de Veracruz. Quelques jours plus tard, une jeune femme a été retrouvée décapitée à côté de son ordinateur chez elle. Le gang la soupçonnait de chercher des informations sur eux sur Internet et de critiquer leurs activités sur des blogs.
Autant d’éléments qui suggèrent, pour certains experts, que les Zetas “ont constitué au sein de leur organisation une cellule spécialement dédiée à la surveillance du Net et à la cyber-traque d’internautes critiques à leur égard”, juge Stratfor.
Des épisodes violents qui ont poussé le collectif d’hacktivistes Anonymous à lancer, en 2011, l’opération Cartel. Ils affirmaient détenir et vouloir publier des informations personnelles sur des membres des Zetas et des officiels mexicains corrompus. Informations qui n’ont finalement jamais été publiées en ligne pour des raisons restées obscures.