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Les Frères musulmans rejettent le calendrier de transition politique

Les Frères musulmans ont rejeté, mardi, la feuille de route des nouvelles autorités égyptiennes, qui prévoit des élections législatives d’ici la fin de l’année. La confrérie appelle à de nouveaux rassemblements pour rétablir Mohamed Morsi au pouvoir.

Le calendrier de transition politique annoncé par Adly Mansour, magistrat propulsé à la tête de l’État égyptien par les militaires, se heurte à la détermination des Frères musulmans. Six jours après le coup d’État qui a renversé Mohamed Morsi, la confrérie a rejeté, mardi 9 juillet, la feuille de route appelant à de nouvelles élections législatives d’ici la fin de l’année.

Un scrutin avant début février 2014

La déclaration constitutionnelle, diffusée par l'agence officielle Mena, prévoit le lancement de l'organisation des législatives avant fin 2013 et sa fin avant début février 2014. Une présidentielle sera ensuite annoncée. Avant cela, une nouvelle Constitution sera soumise à référendum. Cette annonce a été immédiatement dénoncée par un haut responsable des Frères musulmans. "Un décret constitutionnel par un homme nommé par des putschistes... ramène le pays à la case départ", a commenté Essam al-Erian sur son compte Facebook.

Le bain de sang de lundi complique encore davantages les tractions politiques pour la nomination d’un Premier ministre de transition. Le parti salafiste Al-Nour a ainsi annoncé son retrait de la table des négociations après la mort de dizaines de manifestants pro-Morsi. Adly Mansour a, de son côté, ordonné l'ouverture d'une enquête. Lundi à l’aube, les forces de sécurités égyptiennes ont tiré sur des manifestants lors d'un sit-in devant le quartier général de la Garde républicaine au Caire.

Un climat d’extrême tension

Les urgences médicales annoncent un bilan d'au moins 51 morts et 435 blessés, sans préciser s'il s'agissait exclusivement de manifestants islamistes. Les Frères musulmans, eux, ont diffusé une liste comportant les noms de 42 de leurs partisans tués par "des soldats" et "des policiers". 

L'armée, citée par le journal gouvernemental "Al-Ahram", a expliqué de son côté que des "terroristes armés" avaient attaqué le siège de la Garde républicaine, tuant un officier et laissant six conscrits dans un état critique. La police et l'armée ont fait état de trois morts dans leurs rangs.

Depuis la destitution et l'arrestation de Mohamed Morsi par l'armée,  les heurts entre ses partisans et ses opposants et  ont déjà fait une centaine de morts. L'armée a appelé les partisans de Mohamed Morsi à lever leurs sit-in, en assurant qu'elle ne tolèrerait aucune "menace à la sécurité nationale".

La communauté internationale appelle à la retenue

Washington a condamné l'appel à la violence de la puissante confrérie et demandé aux militaires le "maximum de retenue", affirmant néanmoins ne pas envisager de couper son aide financière à l'armée, alors que Barack Obama avait fait peser cette menace. L'Union européenne (UE) a appelé toutes les parties à "éviter les provocations", pressant les nouvelles autorités à "avancer rapidement vers la réconciliation"

De son côté, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a "condamné" les violences et demandé une enquête impartiale. La Turquie, l'Iran, le Qatar et le mouvement islamiste palestinien Hamas ont également condamné les violences, l'Allemagne exprimant sa "grande inquiétude". Human Rights Watch (HRW) a pour sa part réclamé la fin des "actions arbitraires" contre les Frères musulmans et les médias qui leur sont proches.

Avec dépêches