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Dopage : Pour le patron du Tour, "le vélo n'est plus le vilain petit canard"

, envoyé spécial à Bastia – Alors que Lance Armstrong a déclaré qu'il était impossible de gagner le Tour sans dopage, le directeur de la course, Christian Prudhomme, estime, lui, que le vélo est plutôt devenu "un exemple" en matière de contrôles.

Le 100e Tour de France s’est élancé samedi 29 juin de Porto-Vecchio, en Corse, alors que la Grande Boucle est une fois encore agitée par les affaires de dopage. Ainsi le 22 juin, l'Allemand Jan Ullrich, lauréat du Tour en 1997, a avoué s’être dopé durant sa carrière. Trois jours plus tard, "L’Équipe" révélait que le Français Laurent Jalabert avait eu recours à l’EPO en 1998. Enfin le 28 juin, veille du départ de l'édition 2013, Lance Armstrong affirmait dans un entretien au quotidien "Le Monde" qu’à son époque il était "impossible de gagner le Tour sans se doper."

Des propos qui ont ulcéré le directeur du Tour de France, Christian Prudhomme, qui s’est en expliqué à plusieurs médias dont FRANCE 24 sur le Mega-Smeralda, le ferry géant de la société Corsica Ferries qui fait office de centre de Presse et de QG pour l'Amaury Sport Organisation (ASO), l’organisateur du Tour de France.

Avec ses déclarations, Lance Armstrong a-t-il voulu gâcher la fête ?

Christian Prudhomme : Je ne sais pas si ce qu'il dit est vrai. Lui n’a sans doute jamais imaginé pouvoir gagner le Tour de France sans se doper. Il y a une période maudite dans le cyclisme. Mais depuis les choses ont changé et les gens parlent. Peut-être pas autant que certains le voudraient, mais dans le cyclisme, contrairement à d’autres disciplines sportives, des coureurs se font surprendre. On a quand même perdu deux vainqueurs du Tour (Floyd Landis et Alberto Contador, NDLR), cela veut dire qu’aujourd’hui les contrôles fonctionnent.

Il y a une volonté de nuire au Tour de France quand ce genre de déclaration sort la veille du départ ?

C.P. : Nous ne sommes pas totalement paranoïaques, mais si l’on prend les 15 dernières années, il y a eu 14 fois des révélations avant le départ... La caisse de résonance du Tour est tellement importante (2 300 journalistes accrédités, NDLR) que si l’on veut se mettre un peu en avant, on utilise le Tour de France.

Moi je ne suis pas pour changer l’information. L’information, on la donne. Mais en revanche, quand on a des choses à dire et qu’on les fait trainer pour que cela tombe juste avant, c’est regrettable.

Armstrong indique que le dopage "ne finira jamais", que la triche fait partie de "la nature humaine"…

C.P. : C’est justement pour cela qu’il faut de l’équité. Cela existe partout, dans tous les sports, dans toutes les entreprises. C’est la vie ! Il faut de l’équité. Il n’y en pas aujourd’hui. Il faut traiter tous les sports de la même manière et dans tous les pays. Nous plaidons depuis longtemps pour une agence indépendante du pouvoir sportif, qui puisse faire son travail sans pression ; mais partout, quelque soit la discipline.

Quand on voit ce qu’il s’est passé avec l’affaire Puerto (scandale de dopage qui touche notamment le cyclisme, mais aussi le football et le tennis, NDLR) il y a quelques mois, c’est un scandale. On a eu les noms des cyclistes impliqués, ou du moins la plupart d'entre eux. En revanche, en ce qui concerne les autres disciplines citées, on a fait en sorte que rien ne puisse sortir. Ce n’est pas juste.

Le vélo est-il injustement stigmatisé ?

C.P. : Oui, il y a un vrai ras-le-bol. Le vélo a triché, beaucoup triché. Mais depuis plusieurs années maintenant, notamment avec le passeport biologique, il a fait plus qu’amorcer sa mue. Aujourd’hui le vélo, ce n’est plus le vilain petit canard, c’est plutôt un exemple. Il n’y a pas une barrière artificielle qui ferait que tous les méchants sont concentrés dans le vélo et ailleurs les gens seraient des saints. Ça ne marche pas comme ça, il y a des vrais champions dans toutes les disciplines et des tricheurs dans toutes les disciplines.