logo

Jérôme Cahuzac face aux élus: "Je ne peux pas répondre à vos questions"

L'ex-ministre du Budget Jérôme Cahuzac était entendu par la commission d'enquête parlementaire qui doit faire la lumière sur le fonctionnement de l'État dans l'affaire concernant son compte bancaire à l'étranger.

"Merci de votre non-réponse !"… La réplique du président de la commission d’enquête parlementaire, l’UDI Charles de Courson, résume plus d’une heure et demie d’audition tendue de l’ancien ministre du Budget, mercredi 26 juin au palais Bourbon. Retiré de la vie politique depuis ses aveux le 2 avril, Jérôme Cahuzac s’est réfugié derrière le secret de l’instruction judiciaire en cours pour éluder les questions des élus demandant des précisions sur son compte à l'étranger.

it
En direct de l'Assemblée nationale

L'ancien ministre a débuté son audition en prêtant un serment solennel, levant la main droite et jurant aux parlementaires de dire toute la vérité. Un préalable indispensable pour un homme dont la parole a été discréditée par les mensonges à répétition pour dissimuler ses comptes non-déclarés après les révélations de Médiapart.

"Avez-vous, oui ou non, un compte à la compagnie financière Reyl dans la période sous revue, c'est-à-dire entre 2006 et 2012 ?", lui a demandé le président de la commission Charles de Courson. "Monsieur le président, j'espère qu'à votre tour vous comprendrez que je ne peux pas répondre à votre question", a répliqué Jérôme Cahuzac, le visage fermé, au motif que que sa réponse empièterait sur l'information judiciaire en cours.

"Je ne peux pas vous répondre"

"Le compte (...) a été transféré dans une filiale à Singapour dans le même établissement bancaire. Est-ce que vous pourriez nous préciser à quelle date vous l'avez transféré à Singapour ?", a ensuite demandé Charles de Courson. "Je suis contraint de vous faire la même réponse, monsieur le président. Je ne peux pas vous répondre", a déclaré Jérôme Cahuzac. Il a ensuite opposé les mêmes arguments à plusieurs autres questions des députés.

L’audition était d’autant plus frustrante pour les élus de commission d’enquête parlementaire que l’ex-ministre du Budget a froidement refusé d’évoquer son état d’esprit lors de ses mensonges à répétition au président de la République ainsi qu’aux membres de la représentation nationale.

"Il ne lâche rien, il ne dit rien, et il ne répond pas aux questions précises" résume ainsi Roselyne Fèbvre, spécialiste de politique intérieure française sur l’antenne de FRANCE24. "C’est comme s’il avait voulu rester digne… Il n’a pas voulu larmoyer ni mouiller ses camarades."

Cordon sanitaire

L’ancien ministre du Budget s’est effectivement efforcé de dédouaner le président François Hollande et le gouvernement en insistant sur le fait qu’aucun membre de l’exécutif n’était au courant de ses mensonges. "J'ai pu mettre dans mes dénégations une force de conviction qui a dû en convaincre certains, je le crains", a ainsi martelé Jérôme Cahuzac.

La mine sombre, l’ancien orateur star du palais Bourbon a également assuré ne pas avoir eu de contact avec la garde des Sceaux, Christiane Taubira, ou le ministre de l’Intérieur Manuel Valls au sujet de l’enquête préliminaire le concernant. Un cordon sanitaire que le ministre déchu a décrit comme une "muraille de Chine" érigée autour de lui par ses collègues socialistes.

Avec dépêches