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Les joueurs de la Seleçao soutiennent les manifestants

Plusieurs joueurs de la sélection brésilienne, ainsi que d’autres footballeurs auriverde de renom, ont apporté leur soutien aux nombreux manifestants qui ont défilé ces derniers jours dans les grandes villes du Brésil.

Alors que le gouvernement brésilien a fait part de son intention d'envoyer la Force nationale, un corps d'élite de la police, dans cinq des six villes de la Coupe des Confédérations de football, secouées par des manifestations monstres, de nombreuses personnalités du sport brésilien ont apporté leur soutien aux contestataires.

Le premier à monter au créneau a été l'arrière droit Dani Alves, qui a écrit, en lettres capitales sur son compte Instagram, sous un oeil aux couleurs du drapeau brésilien, certains mots d'ordre des manifestants: "Ordre et progrès sans violence, en paix, pour un Brésil éduqué, pour la santé au Brésil, pour un Brésil honnête, pour un Brésil heureux".

Le joueur du club espagnol FC Barcelone a ainsi brisé le silence, jusqu'alors unanimement respecté par les joueurs de football brésiliens, au sujet de la vague de protestation sociale que traverse le pays depuis la semaine dernière. Ce mouvement a pris une ampleur historique lundi soir, avec notamment l'occupation, par les manifestants, du toit et des abords du Congrès national à Brasilia, et les violences qui ont éclaté à Rio de Janeiro et Porto Alegre.

Le Brésilien Felipe Melo, joueur de l'équipe turque Galatasaray, a lui aussi apporté son soutien aux manifestants sur son compte Instagram. "Le pays pleure la corruption", y a-t-il écrit.

Mardi, deux nouveaux joueurs de la Seleçao ont exprimé leur solidarité avec le peuple brésilien.

"Je suis en faveur des manifestations sans violence, a ainsi déclaré le défenseur central David Luiz. Les citoyens ont le droit d'exprimer leurs opinions. C'est une manière pour eux de faire connaître leurs revendications et, ainsi, d'améliorer la situation du pays".

"Nous savons qu'ils disent vrai"

"Je suis brésilien, même si je vis à l'étranger [à Londres, NDLR], et j'espère toujours que le Brésil continue de progresser, a-t-il ajouté. Les manifestants luttent pour la santé et l'éducation. On a besoin d'unité. Nous espérons que nous arriverons à un consensus et que l'avenir sera meilleur. Bien sûr, nous ne sommes pas heureux de voir que des violences éclatent".

Même discours chez un autre joueur qui s'est exprimé devant les journalistes lors d'une conférence de presse. "Aujourd'hui, j'ai une position sociale privilégiée, mais je n'oublie pas que je viens d'un milieu pauvre", a souligné l'attaquant Givanildo Vieira de Souza, plus connu sous le nom de Hulk, originaire de la région défavorisée du Nordeste.

"Ils ont raison de protester, ce qu'ils disent et ce qu'ils souhaitent est de bon sens, a-t-il ajouté. [...] Le Brésil a besoin de progresser sur beaucoup d'aspects, c'est pourquoi nous soutenons les manifestants. Nous savons qu'ils disent vrai".

Mardi soir, c’était au tour de l'avant-centre Frederico Chaves Guedes - dit Fred - de twitter un message circonstancié de soutien: "Je suis totalement en faveur de la manifestation, à partir du moment où elle est démocratique et pacifique. Je suis très fier de voir le peuple en train de lutter pour changer les conditions des transports, de la santé, de l'éducation et de tant d'autres problèmes".

Le joueur, rappelant ses origines modestes, assure que sa famille et lui-meme ont "souffert de la précarité des services publics". "Mon grand souci, poursuit-il, est que la protestation soit légitime, sans violence, toujours concentrée sur la lutte pour les droits sans perdre la raison. Presque tout se justifie pour un meilleur Brésil, sauf le vandalisme".

#porumbrasilmelhor

"Pour un Brésil meilleur", c’est la revendication première des manifestants soutenus par d’autres illustres footballeurs brésiliens comme Raï, Kaka, Marcelo, Julio Baptista ou Robinho. D’autres sportifs brésiliens, comme le pilote de F1 Felipe Massa ont également exprimé sur Instagram leur solidarité avec le mouvement de protestation.

Ces manifestations ne sont en revanche visiblement pas du goût du président de la Fédération internationale de football (Fifa), Joseph Blatter. "Le Brésil nous a demandé d'organiser le Mondial. Nous ne le leur avons pas imposé. Il y a des routes, des hôtels, des aéroports et beaucoup d'autres choses qui resteront", a-t-il déclaré à Rio, dans des propos rapportés par le site G1 du groupe de médias Globo.

"Le football existe au Brésil pour unir les gens", a souligné le Suisse, ajoutant : "Je pense que certains se servent de la vitrine du football et de la présence de la presse internationale pour faire certaines réclamations. Je suis sûr que les manifestations vont s'apaiser."

Pas sûr que Sepp Blatter voie juste car, pour l'heure, les Brésiliens restent massivement mobilisés. Une manifestation est prévue ce mercredi à Fortaleza, à laquelle 30 000 personnes ont promis, sur Facebook, de participer.

La journée de jeudi sera également sensible, avec des marches prévues dans plusieurs villes du pays, notamment à Rio, où le mouvement coïncidera avec le match Espagne-Tahiti comptant pour la 2e journée de la Coupe des Confédérations qui se dispute jusqu'au 30 juin.

FRANCE 24 avec dépêches