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Dans les rues de Téhéran, les Iraniens disent "bye bye" à Ahmadinejad

À l'annonce de la victoire du religieux modéré Hassan Rohani à l'élection présidentielle iranienne, des milliers de personnes sont descendues dans les rues, crier leur joie et leur espoir de changement pour leur pays.

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Hassan Rohani élu à la présidence : la surprise est de taille pour les Iraniens. Ils s’attendaient à voir triompher l’ultraconservateur Saïd Jalili, favori du Guide suprême, ils ont finalement assisté à la victoire écrasante du modéré Rohani dès le premier tour de la présidentielle, avec 50,68% des suffrages.

Avant même l’annonce officielle des résultats, les Iraniens avaient envahi les rues de la capitale. Samedi 15 juin, partout dans Téhéran retentissaient des cris de joie, des applaudissements, des klaxons. "Je félicite Rohani au nom de la jeunesse et de ceux qui ont voté pour lui, témoigne un Iranien. J’espère qu’il tiendra ses promesses, c'est-à-dire restaurer la valeur de notre monnaie, le rial, retrouver la dignité nationale de l’Iran et rester attentif au chômage et aux autres questions économiques".

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Hassan Rohani, portrait d'un modéré

Après huit années sous la présidence d’Ahmadinejad, l’Iran apparaît exsangue, minée par de lourdes sanctions internationales qui, couplées à une gestion économique et sociale catastrophique, ont appauvri les classes moyennes et populaires. Sur la scène internationale, le pays est réduit au rang de pestiféré, en raison notamment de l’inflexibilité du régime sur le dossier nucléaire et des violentes charges de Mahmoud Ahmadinejad contre Israël.

"Bye bye Ahmadinejad"

Samedi soir, les Iraniens n’ont pas simplement applaudi la victoire du modéré Rohani, qui a affiché pendant sa campagne son ambition de "mettre fin aux querelles", et qui s’interrogeait dans l’un de ses clips électoraux sur l’utilité de "faire tourner des centrifugeuses si l’économie ne tourne pas". Hurlant "Bye bye Ahmadinejad!", les Iraniens ont aussi – et surtout – fêté la fin de l’ancien président.

"C’est un vote sanction à l’égard de la gestion d’Ahmadinejad", analyse Pascale Bourgaux, envoyée spéciale de FRANCE 24 à Téhéran. "Des milliers d’Iraniens sont descendus dans les rues de toutes les villes en Iran. Beaucoup d’entre eux disaient pouvoir enfin célébrer la victoire qui leur avait été volée en 2009 [après la réélection contestée d’Ahmadinejad, NDLR]. Ils avaient grand espoir, hier soir, de revoir affluer les touristes, de voir les affaires reprendre avec l’international".

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"L'autre Iran, celle qui rêve de démocratie, a gagné"
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Le président nouvellement élu a, à ce titre, assuré après l’annonce officielle des résultats : "Nous allons faire sauter tous les verrous qui ont été imposés dans la vie de notre peuple depuis maintenant huit ans". Selon Pascale Bourgaux, Rohani a voulu ainsi affirmer l’existence, dès à présent, d’une forme de cohabitation à la tête de l’État iranien.

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L’élection de Rohani ne signifie pas pour autant une véritable rupture en Iran. S’il imposera indéniablement un nouveau style à la présidence, il reste néanmoins le numéro deux du régime, sous l’autorité du Guide suprême Ali Khamenei. Ce dernier garde notamment la main sur le dossier nucléaire et les relations internationales.