La Commission d'enquête de l'ONU a dénoncé mardi dans son rapport sur la Syrie des crimes de guerre et crimes contre l'humanité, devenus une "réalité quotidienne". Le rapport fait également mention de soupçons d'usage d'armes chimiques.
Crimes de guerre et crimes contre l'humanité sont devenus une "réalité quotidienne" en Syrie, a dénoncé, mardi 4 juin, la Commission d'enquête de l'ONU sur la Syrie. Les enquêteurs des droits de l'homme des Nations unies ont, par ailleurs, affrimé mardi avoir des "motifs raisonnables" de penser que des armes chimiques ont été utilisées en "quantité limitée" en Syrie, sur la base d'entretiens avec des victimes, du personnel médical et d'autres témoins.
Les enquêteurs font notamment état de quatre événements (à Khan Al-Assal près d'Alep le 19 mars, à Uteibah près de Damas à la même date, dans le quartier de Cheikh Maqsoud à Alep 13 avril et dans la ville de Saraqeb le 29 avril) lors desquels ces agents chimiques auraient été utilisés. Leurs enquêtes n'ont néanmoins pas permis pour l'instant de définir précisémment la nature de ces armes, ni d'identifier ceux qui les ont utilisées. "D'autres incidents font également l'objet d'enquêtes", écrivent les experts, dans leur rapport qui couvre la période allant du 15 janvier au 15 mai.
Trente allégations de massacres
Agissant sous mandat du Conseil des droits de l'Homme, la Commission indépendante d'enquête internationale n'a toujours pas reçu le feu vert de Damas pour se rendre en Syrie. Depuis le début de son mandat, elle enquête sur 30 allégations de massacres, dont 17 auraient été commises depuis le 15 janvier.
"Je suis très surprise par la violence et la cruauté des actes criminels, surtout les actes de torture. Un autre élément qui m'a aussi perturbée, c'est l'utilisation des enfants dans les combats" et qui sont "tués, torturés", a raconté avec effroi Carla del Ponte, la célèbre magistrate suisse et membre de la Commission d'enquête.
Depuis le début du conflit, 86 enfants-soldats auraient été tués dans les combats, dont la moitié depuis janvier.
L'armée et l'opposition au banc des accusés
Les enquêteurs accusent l'armée, aidée de milices et de combattants étrangers dont le Hezbollah, de commettre des meurtres, actes de torture, viols, déplacements forcés et autres actes inhumains. "Nombre d'entre eux commis dans le cadre d'attaques généralisées et systématiques contre les civils", a affirmé Paulo Pinheiro, le président de la Commission d'enquête.
La Commission porte en outre des accusations sur les groupes armés de l'opposition soupçonnés d'avoir commis des crimes de guerre, dont des exécutions extrajudiciaires ou des actes de torture, et de mettre en danger la vie de la population en disposant des objectifs militaires près de zones civiles. Elle note une fois de plus que ces exactions n'ont pas atteint l'intensité et l'ampleur de celles commises par les forces gouvernementales et les milices qui leurs sont affiliées.
Avec dépêches