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Affaire Bettencourt : le juge Gentil soupçonné d'être proche d'un expert

Selon des informations révélées ce jeudi par "Le Parisien", le juge Jean-Michel Gentil, chargé d'instruire l'affaire Bettencourt, serait un ami proche de l'une des expertes ayant conclu à l'état de faiblesse de l'héritière de L'Oréal.

Nouveau rebondissement dans l’affaire Bettencourt. Le quotidien "Le Parisien" révèle ce jeudi que le juge d’instruction en charge du dossier, Jean-Michel Gentil, est un ami proche de l'une des expertes ayant conclu à l'état de faiblesse de l'héritière de L'Oréal.

L’experte, témoin de mariage du juge Gentil

Une information qui fragilise l'enquête à quelques jours d'une audience devant la chambre de l'instruction de la Cour d'appel de Bordeaux qui doit examiner, le 6 juin, les possibles erreurs de procédure commises par les trois juges d'instruction.

"Le Parisien" assure que Sophie Gromb, chef du service de médecine légale du CHU de Bordeaux, était en première ligne de l'expertise. Elle serait même restée seule 35 minutes avec le juge Gentil et Mme Bettencourt, dans la chambre de celle-ci, à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), avant que quatre autres experts ne les rejoignent. Or, selon "Le Parisien", Mme Gromb aurait été la témoin de mariage du juge Gentil lorsqu'il a épousé sa femme Isabelle, une autre magistrate bordelaise, le 30 juin 2007, à Mérignac (Gironde).

Une bonne nouvelle pour les mis en examen

Réalisée le 7 juin 2011, cette expertise est à l'origine de la douzaine de mises en examen - dont celle de l'ex-président Nicolas Sarkozy - prononcées contre des personnes soupçonnées d'avoir abusé de la faiblesse psychologique de la milliardaire pour lui soutirer de l'argent ou des avantages.

Réalisée dans des conditions contestées par la défense car menée au saut du lit et sans préavis sur une très vieille dame sourde et un peu désorientée, l'expertise avait établi que Mme Bettencourt n'avait plus toutes ses facultés depuis septembre 2006.

L'avocat de Jean-Michel Gentil, Me Rémi Barousse, a indiqué à l'AFP ne pas être au courant de cette affaire et n'avoir aucun commentaire à apporter.

Si elle était avérée, une telle révélation serait du pain béni pour les avocats des mis en examen qui s'apprêtaient, déjà, mais avec d'autres arguments, à plaider jeudi prochain l'annulation de l'expertise.

L’avocat de Patrice de Maistre, l'ancien homme de confiance de Mme Bettencourt, Me Pierre Haïk, a estimé auprès de l'AFP que "cette information, si elle devait être avérée, serait gravissime, surtout de la part d'un juge toujours très précautionneux sur les conflits d'intérêt". "La situation serait extrêmement délicate", a-t-il insisté, observant qu'elle n'est en tout cas "pas démentie par les principaux protagonistes", comme Mme Gromb.

"Justice spectacle"

L’affaire n’a pas manqué de faire réagir l’UMP. Interrogé jeudi par LCI, Jean-Pierre Raffarin, l'ancien Premier ministre, a déploré des "rebondissements" d'une "justice spectacle", qui lui paraissent nuisibles.

"La justice spectacle connaît les difficultés du spectacle, avec les rebondissements", a commenté le sénateur de la Vienne. Or, il faut à la justice "de la sérénité, du calme et une certaine discrétion pour qu'elle travaille profondément", a-t-il conclu.

Avec dépêches