Le célèbre chanteur français Georges Moustaki, auteur du "Métèque" et de "Ma liberté", est mort à Nice, jeudi matin, à l'âge de 79 ans. Il avait quitté la scène en 2009, en raison d'une maladie respiratoire incurable.
Georges Moustaki, l’auteur-compositeur "à la gueule de pâtre grec", est mort jeudi 23 mai à Nice. Il avait 79 ans. Pendant plus de quatre décennies, l’homme à la longue barbe et aux cheveux grisonnants a prêté sa plume aux plus grands noms de la musique française et écumé les scènes du monde entier. Jusqu’à ce qu’une maladie incurable des bronches l’en empêche.
"Le 8 janvier 2009, je décidais de ne plus chanter", écrit Georges Moustaki, de son vrai nom Giuseppe Mustacchi, dans son autobiographie "La sagesse d’un faiseur de chansons". Ce jour-là, l’artiste touche-à-tout interrompt un concert en Espagne. Ce sera son dernier.
"J'allais pour la dernière fois sur la scène du Palais de la musique catalane, à Barcelone, expliquer au public que mes problèmes respiratoires ne me permettaient pas de faire le concert pour lequel nous étions, les musiciens, techniciens, les spectateurs et moi, réunis, poursuit-il. Le public réagit par un silence ému, plus bouleversant que les plus grandes ovations. Quelques minutes auparavant, je ne savais pas que mon aventure de chanteur allait s'arrêter."
Une aventure de chanteur que Moustaki a commencé sur le tard, après avoir écrit nombre de textes pour Édith Piaf, avec qui il vivra une histoire d’amour passionnée, Barbara, Serge Reggiani, Yves Montand, Juliette Gréco… Certains de ses tubes feront le tour de la planète comme "Milord", interprété par Piaf, ou encore "Le Métèque" ; d’autres sont désormais hissés au rang des grands classiques français : "Sarah", "Ma solitude", "Ma liberté", "Votre fille a 20 ans", d’abord chantés par Reggiani avant qu’il ne les interprète.
Quand Moustaki rencontre Brassens
Né en 1934 à Alexandrie de parents juifs grecs, il s’installe à Paris en 1951, où il fait une rencontre déterminante : celle de Georges Brassens. C’est lui qui l’introduit dans les cercles de Saint-Germain-des-Prés. Et c’est en son hommage que Moustaki adopte le même prénom. Rapidement, il devient l’ami de Jacques Brel, Léo Ferré ou encore Pierre Bachelet. Féru de voyage, il parcourt le monde - parfois sur sa moto - mais revient toujours dans son appartement de l’île Saint-Louis, à Paris. Il ne le quitte définitivement qu’en 2010, pour fuir le froid et la pollution, et s’installe à Nice.
La mort de l’artiste a profondément ému le monde de la culture. Jeudi, les hommages se sont multipliés. L’ancienne muse de Saint-Germain-des-Prés, Juliette Gréco, a salué sur RTL un "poète", "quelqu’un de différent". "C'était un homme absolument exquis, un homme bien élevé, c'était un homme raffiné. C'était un homme élégant qui avait une douceur infinie et puis le talent", a-t-elle déclaré, visiblement émue.
"C'était un troubadour, un grand auteur, un grand poète, souligne la chanteuse et actrice Line Renaud. On s'aimait beaucoup même si on n'était pas intimes. Il m'appelait sa petite Line. Mon grand regret est de n'avoir jamais interprété ses chansons. Georges était un homme tranquille. C'était un sage. Il nous laisse des chansons sublimes. Il a parcouru le monde avec sa guitare, chantant le français partout. Il était très protecteur et attentionné."
Nicoletta, pour qui il avait composé "Rien n’a changé", a salué la mémoire d’un "être élégant et raffiné, avec un sens fabuleux de la musicalité […]. Georges était aussi un homme d'engagements et de convictions".