
Après que Jacques Servier a quitté l'audience mardi, pour raisons de santé, le tribunal correctionnel de Nanterre doit décider mercredi si le procès du Mediator continue. Les avocats de l'accusé ont en effet demandé l'annulation de la procédure.
Le tribunal correctionnel de Nanterre décidera mercredi si le procès du Mediator, accusé d'avoir déjà fait des centaines de morts en France, se poursuit.
"L'audience reprend mercredi à 13H30", a déclaré la présidente de la 15e chambre, Isabelle Prevost-Desprez, après avoir entendu les arguments des conseils des laboratoires Servier qui se sont livrés à une féroce bataille procédurale, réclamant l'annulation du procès.
Le fondateur des laboratoires pharmaceutiques, Jacques Servier, 91 ans, a pris place brièvement mardi sur le banc des prévenus, quittant la salle après deux heures de présence pour raisons de santé.
Destiné aux diabétiques mais largement prescrit comme coupe-faim, le Mediator pourrait avoir causé, à long terme, la mort de 1.300 à 1.800 personnes par valvulopathie (déformation des valves cardiaques), selon un rapport d'experts judiciaires rendu public en avril. Il a été commercialisé de 1976 à 2009 en France.
Servier passible d'une amende de 375 000 euros
La défense a de nouveau ferraillé pendant de longues heures sur le terrain de la procédure, comme elle le fait depuis le début du procès, entamé le 14 mai 2012 et interrompu pendant un an déjà pour des questions de forme.
"Nous sommes dans une situation procédurale absolument aberrante (...) Il y aura effectivement un procès, mais pas ici, pas celui-là, pas comme ça", a affirmé Me Hervé Temime, conseil de M. Servier, devant les médias. L'avocat estime que son client ne peut pas être jugé à Nanterre tant que l'instruction qui se déroule à Paris notamment pour les mêmes faits n'est pas bouclée.
Des arguments qualifiés d'"inopérants" par les avocats des parties civiles. Pour Me Charles Joseph-Oudin, conseil d'une centaine d'entre elles, "si la procédure n'a pas pu avancer, c'est par l'énergie considérable des laboratoires Servier qui ont tout mis en oeuvre pour ne pas assumer leurs responsabilités".
M. Servier est jugé aux côtés d'Alain Le Ridant, pharmacien en chef du groupe, et de trois responsables de Biopharma, l'une des filiales des Laboratoires Servier.
Les prévenus encourent quatre ans de prison et une amende de 75.000 euros. Servier et Biopharma, en tant que personnes morales, sont passibles d'une amende de 375.000 euros, ainsi que de l'interdiction d'exercer.
AFP