L’entraîneur du PSG Carlo Ancelotti a annoncé dimanche vouloir quitter le club, un an avant la fin de son contrat. Un coup dur pour les dirigeants qataris qui souhaitent garder le coach grâce auquel les Parisiens ont été sacrés champions de France.
Après les casseurs et les ultras, responsables des débordements lors du sacre du PSG lundi 13 mai, c’est au tour de Carlo Ancelotti de semer le trouble au sein du prestigieux club parisien. Le coach du PSG a annoncé, dimanche, sa "volonté de quitter le club", au grand dam des propriétaires qataris. Car le probable départ pour le Real Madrid du populaire entraîneur, symbole de stabilité tant attendue au PSG, pose la question de la capacité du puissant émirat du Golfe à conserver ses meilleurs éléments. Pour Gilles Verdez, journaliste et auteur du livre "Le PSG, le Qatar et l’argent", joint par FRANCE 24, c’est un véritable "camouflet" pour les patrons du club.
"Le Qatar est heurté sur le plan moral car, généralement, on ne le quitte pas, c’est lui qui vous quitte. C’est comme cela que fonctionne la notion de pouvoir dans ce pays. D’où la violence du choc ressenti et le fait que les dirigeants du PSG ne savent pas quoi faire," explique le journaliste.
Visiblement pris de court, le président du PSG, Nasser Al-Khelaïfi, a réagi lundi en prévenant que l’entraîneur italien était lié au club jusqu’en 2014 selon son contrat, et que, si départ il y avait, cela poserait "un problème juridique."
"Le Qatar a confondu Ancelotti avec un simple salarié"
Une réaction autoritariste, à l’image de l’attitude précédemment adoptée en novembre 2012, lorsque Carlo Ancelotti s’était fait remonter les bretelles suite à une mauvaise série à l’approche d’un match décisif contre Porto. Cette prise de bec entre l’Italien et les Qataris serait d’ailleurs le nœud du problème. "Pour Carlo Ancelotti, devoir se justifier le lundi matin d’une défaite le dimanche, ce n’est pas envisageable. En foot on réfléchit plus sur la durée," analyse Gilles Verdez.
Pour Joachim Barbier, journaliste pour le magazine "So Foot" contacté par FRANCE 24, les dirigeants du PSG se sont illustrés par un double discours : "D’un côté, les Qataris disent avoir une vision à long terme pour le club, mais d’un autre côté, ils font preuve d’impatience et exigent des résultats rapides."
Ainsi, ils se trouvent maintenant confrontés à leur propre méthode de management, selon Gilles Verdez, qui évoque un échec politique : "Il y a un manque de connaissance et de culture de ce qu’est le football. La preuve : ils ont confondu le foot avec un investissement économique et Ancelotti avec un simple salarié à qui on peut demander des explications. Mais cela ne fonctionne pas comme ça. Le Qatar est en inadéquation avec la gouvernance du club."
Tout reconstruire
Par ailleurs, au-delà des mauvaises relations avec les dirigeants du club, une pression négative pèse sur les épaules de l’entraîneur au niveau national, d’après Joachim Barbier, auteur en 2012 de "Ce pays qui n’aime pas le foot". "Étant donné l’argent investi, la victoire du club lors du championnat et des coupes est considérée comme normale en France. Elle est donc vue comme un soulagement, et non comme une joie," déplore-t-il.
Malgré un sacre en championnat de France, pour la première fois depuis 19 ans, la perspective du départ du coach a jeté une ombre sur la réussite du club. "Cette saison n’a somme toute pas été flamboyante, et si Ancelotti part, il va falloir tout reconstruire. De plus, des défections de joueurs pourraient avoir lieu," explique Gilles Verdez.
Le Brésilien Thiago Silva, courtisé par Barcelone, ou encore l’Italien Marco Verratti, très attaché à Carlo Ancelotti, seraient potentiellement tentés de prendre le large. "Sans compter que Nasser Al-Khelaïfi pourrait aussi être remis en cause par les dirigeants du Qatar."