La ville de Maiduguri, au nord-est du Nigeria, a été verrouillée dimanche par l'armée nigériane qui traque les islamistes de Boko Haram dans leur fief. Selon le dernier bilan, quatorze insurgés et trois soldats sont morts dans les combats.
Au Nigeria, l'armée a verrouillé dimanche 19 mai douze quartiers de la ville de Maiduguri (capitale de l'État de Borno, au nord-est du pays), imposant un couvre-feu total et traquant les insurgés islamistes de Boko Haram dans leur berceau. Toutes les rues menant aux églises étaient bouclées, et même dans les quartiers où le couvre-feu n'était pas en vigueur, les artères, quadrillées par des chars, étaient désertes. Le réseau de téléphone a également été coupé.
Des milliers de soldats ont été déployés depuis mercredi dans les États de Borno, Yobe et Adamawa, où l'état d'urgence a été décrété pour reconquérir les zones passées sous contrôle des insurgés. L'armée a même opéré des frappes aériennes avec avions de chasse et hélicoptères de combat.
Dans son dernier bilan, l'armée a annoncé la mort de 14 insurgés islamistes et de trois soldats, et a ajouté qu'un autre soldat était porté disparu. Vingt autres insurgés ont par ailleurs été arrêtés alors qu'ils fuyaient.
Début de pénurie
Pour couper toute possibilité de ravitaillement des islamistes, l'armée impose un blocus de la région. Conséquence : le prix des denrées a déjà commencé à grimper à Maiduguri et dans les localités du nord de Borno, les camions de marchandises ne pouvant circuler librement à l'entrée et à la sortie de la ville. "Il y a une énorme file de camions remplis de produits de première nécessité [...] le long de Baga Road, en direction du nord," a déclaré Ibrahim Yahaya, un habitant de Maiduguri. "Des chauffeurs disent avoir été empêchés de partir vers le nord, craignant que certains des produits n'atterrissent dans les mains de Boko Haram", a-t-il ajouté.
Les pénuries ont commencé à toucher notamment la ville nigériane de Gomburu Ngala, à la frontière du Cameroun, où des déplacés, redoutant des raids aériens, continuaient d'affluer dimanche. Selon un habitant, les prix ont déjà grimpé de 25 %.
Risques de bavures
Les habitants craignent aussi des exactions de l'armée nigériane. "Je dois rester chez moi avec ma famille parce que j'ai peur de la façon dont les soldats mènent leur mission, raconte Ezekiel Adamu, un marchand de Maiduguri. Ils ont l'air d'avoir plus de pouvoir, avec l'état d'urgence, et ils deviennent très désagréables avec les civils."
Les forces de l'ordre nigérianes ont souvent été accusées de violation des droits de l'Homme et d'abus envers les civils dans leur répression de l'insurrection islamiste. Selon l'ONG Human Rights Watch, les attaques de Boko Haram et la répression de l'insurrection par les forces de sécurité ont fait 3 600 morts depuis 2009.
De nombreux experts craignent que cette nouvelle offensive de l'armée ne parvienne pas à venir à bout de Boko Haram, qui risquerait alors de s'enfoncer d'autant plus dans la clandestinité.
FRANCE 24 avec dépêches