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Polynésie : fraîchement élu, Gaston Flosse dénonce "la dictature" de l’ONU

"Papa Flosse", qui a retrouvé vendredi le fauteuil de président de la Polynésie française qu’il avait occupé de 1984 à 1987, puis de 1991 à 2004, a dénoncé la résolution de l’ONU appelant à la décolonisation de la Polynésie française.

La Polynésie supprimée de la liste de l'ONU en 1947

À l'instar de la Nouvelle-Calédonie et des Nouvelles-Hébrides, la Polynésie française était inscrite sur la liste des territoires non autonomes de l'ONU en 1946. Elle en a été retirée par décision unilatérale de la France en 1947, sans que l'on connaisse les raisons politique de cette décision.

À peine élu président de la Polynésie française par 38 voix sur 57 votants, Gaston Flosse, qui fêtera ses 82 ans le mois prochain, hérite d’un dossier brûlant. Celui que l’on surnomme "papa Flosse" ou "Le vieux lion" a condamné l’adoption vendredi par l’Assemblée générale de l'ONU d’une résolution qui place la Polynésie française sur la liste des territoires à décoloniser, conformément à la Charte de l'ONU (article 73 sur les territoires non autonomes). Une victoire incontestable sur le plan international pour son opposant et prédécesseur, l'indépendantiste Oscar Temaru, qui avait recueilli moins de 30 % des suffrages contre un peu plus de 45 % pour Gaston Flosse lors des élections territoriales du 5 mai.

"Malheureusement, l’assemblée des Nations unies, abusée par l’imposture de Monsieur Temaru, alors qu’il vient d’être rejeté par le vote de 73 % des Polynésiens, a voté la motion de réinscription (sur la liste des territoires à décoloniser NDLR), a accusé le président Flosse lors d’un discours diffusé sur la radio France Info. Nous continuerons à nous élever contre cette décision jusqu’à ce qu’elle soit rapportée. L’ONU a inventé le droit des nations à disposer des peuples contre leur gré. Nous ne voulons pas de dictature chez nous".

Celui qui occupe l'espace politique depuis plus de 30 ans, cofondateur du RPR avec Jacques Chirac, a toujours été autonomiste, mais opposé à l'indépendance de l'archipel. Pour lui, la Polynésie doit pouvoir s'administrer elle-même, mais au sein de la République française.

"Une absence complète de respect pour les choix démocratiques des Polynésiens"

La décision de l’ONU a également provoqué un séisme en France métropolitaine, où le gouvernement avait choisi de boycotter la séance à New York. C’est "une ingérence flagrante" ainsi qu’"un détournement des objectifs que les Nations unies se sont fixés en matière de décolonisation", a déclaré vendredi dans un communiqué Philippe Lalliot, le porte-parole du Quai d’Orsay.

Le ministère des Affaires étrangères a également fustigé "une absence complète de respect pour les choix démocratiques des Polynésiens", référence à la défaite du candidat indépendantiste sortant Oscar Temaru lors des élections territoriales de mai. "Le 21 avril puis le 5 mai, les électeurs polynésiens ont renouvelé, comme tous les cinq ans, leur Assemblée territoriale. Ils ont donné une majorité incontestable aux élus favorables à l'actuel statut d'autonomie", a écrit Philippe Lalliot, ajoutant que la France est "déterminée à continuer, avec le gouvernement de Polynésie française, à promouvoir le développement politique, économique et social de la Polynésie française". 

La Polynésie française est aujourd’hui une collectivité dotée d'une très large autonomie, mais la France conserve ses compétences régaliennes, telles que la sécurité publique ou les relations internationales.

Cette résolution symbolique ouvre en principe la voie à un référendum d'autodétermination. Mais dans la pratique, la plupart des gouvernements qui ont des territoires sur la liste ne respectent pas ces règles.