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Les djihadistes tunisiens défient une nouvelle fois Ennhada

Les djihadistes du groupe Ansar Ashariaa se rassembleront dimanche à Kairouan (centre) à l’occasion d’un congrès dont la tenue a été interdite par le gouvernement. Depuis la révolution de 2011, les tensions avec les salafistes s'accroissent.

Le week-end s’annonce tendu en Tunisieles djihadistes du groupe radical Ansar Ashariaa ont décidé de maintenir leur rassemblement prévu dimanche 19 mai à Kairouan, ville du centre du pays, et ce malgré l’interdiction décrétée par Ennahda, le parti islamiste au pouvoir. "Nous ne demandons pas l'autorisation du gouvernement pour prêcher la parole de Dieu et le mettons en garde contre toute intervention de la police pour empêcher la tenue du congrès", a déclaré Seifeddine Raïs, le porte-parole du groupe salafiste.

La semaine dernière, la police avait été contrainte d’intervenir pour arracher des tentes à Tunis et dans plusieurs villes de province où les salafistes s'étaient installés sans autorisation pour faire du prosélytisme avant d'être dispersés à l’aide de gaz lacrymogènes.

Ansar Ashariaa, qui dit attendre plus de 40 000 personnes au congrès, a prévenu que "le gouvernement sera responsable de toute goutte de sang qui sera versée".

Plus tôt dans la semaine, Ennahda avait décidé d’interdire ce rassemblement, affirmant que les organisateurs n’avait pas obtenu l’autorisation préalable à tout rassemblement comme l’exige une loi récente encadrant toute activité publique des partis et associations. "Les autorités doivent appliquer la loi sans distinction, nous soutenons la fermeté du gouvernement à faire appliquer la loi pour tous", a indiqué Rached Ghannouchi, l'influent chef d'Ennahda qui dénonce régulièrement l'usage de la violence au nom de l'islam.

Dialogue impossible

Jusqu’à présent, la position du leader d'Ennahda consistait à privilégier l’option de la discussion et du consensus mais pour la première fois le recours à la force est envisagé si la situation dimanche l’impose. "Le dialogue n'est pas possible avec ceux qui utilisent les armes et sèment les mines", a-t-il lancé jeudi en référence, notamment, aux djihadistes armés du mont Chaambi, théâtre depuis fin avril d'opérations de ratissage continu, selon les autorités.

Le ministre de l'Intérieur, Lotfi Ben Jeddou, un indépendant, a menacé quant à lui de poursuivre "toute personne appelant au meurtre, incitant à la haine [...] ou plantant des tentes de prêche", en allusion au dispositif utilisé par les salafistes pour prêcher et diffuser leurs idées.

Ce bras de fer à haut risque entre le gouvernement et les djihadistes intervient alors que la Tunisie est confrontée depuis la révolution de janvier 2011 à la montée de groupuscules salafistes responsables de violences. Une situation qui provoque le mécontentement de l'opposition et de nombreux observateurs accusent Ennahda d'avoir fait preuve de laxisme face à cette mouvance rigoriste de l'islam sunnite.

Inscrit comme ONG, Ansar Ashariaa est née en avril 2011 et ses dirigeants ont bénéficié d'une amnistie générale dans la foulée de la révolution. Son chef, Saif Allah Bin Hussein (Abou Iyadh), un vétéran de l’Afghanistan et ancien combattant d’Al-Qaïda, estime qu’Ennahda mène une politique contraire à l’islam et a menacé récemment de faire la guerre au gouvernement. Saif Allah Bin Hussein est également soupçonné d'être l'organisateur de la violente attaque contre l'ambassade des États-Unis ayant fait quatre morts et des dizaines de blessés le 14 septembre à Tunis.

FRANCE 24 avec dépêches