Un an après son arrivée au pouvoir, François Hollande a donné sa deuxième grande conférence de presse dans un contexte économique morose alors que la France est officiellement entrée en récession. Retrouvez les principaux points de son intervention.
Le président de la République aurait difficilement pu choisir un pire moment. Sur fond de récession économique et à l’heure où sa cote de popularité est au plus bas, François Hollande a tenu, ce jeudi 16 mai, la deuxième conférence de presse de son mandat. Devant un parterre de 400 journalistes, le chef de l’État - qui, paraît-il, affectionne particulièrement l’exercice du grand oral - a défendu "l’an I" de son quinquennat.
"Depuis un an, le gouvernement de Jean-Marc Ayrault a engagé des réformes essentielles pour le pays", a déclaré le président, passant en revue les grands chantiers engagés par ses ministres : le pacte de compétitivité, l’accord sur l’emploi, la réduction de la dette publique, etc.
it- Économie : "l'offensive" de l'an II
"Bien sûr, j'aurais pu vous dire que nous n'en serions pas là si nos prédécesseurs avaient fait des choix courageux - notamment sur le plan de la compétitivité - ces dix dernières années. On me le fait d'ailleurs sentir quand je vais à l'étranger", a glissé le chef de l'État, taclant au passage le gouvernement de l’ancien président Nicolas Sarkozy.
Le chemin sera donc encore long avant de voir la France se redresser, a-t-il reconnu, avant de s’étendre sur le grand projet de "l’an II" de son quinquennat : l’offensive. "Vous pensez que c’est simple, que c’est facile de demander la contribution des Français en ces temps durs ? (…) J’ai bien conscience que les résultats se font attendre", a-t-il ajouté tout en restant optimiste pour l’avenir économique du pays, en ce qui concerne le chômage surtout. "Je le redis devant vous : l’inversion de la courbe du chômage, je m’y tiens. (…) Elle peut s’inverser avant la fin de l’année", a-t-il déclaré.
- Mariage pour tous : "Ceux qui n’en veulent pas peuvent toujours attendre l’alternance"
Sur le plan sociétal, le président a répété les grandes lignes de son mandat : transparence de la vie politique, non cumul des mandats, confiance dans l’école publique, et surtout "autorité de la République" - en référence aux incidents qui ont eu lieu place du Trocadéro, à Paris, lundi 11 mai, à l'occasion de la célébration du titre de champion de France du PSG. "Ce qui s’est passé est une agression contre notre conception de notre vie en communauté", a-t-il condamné.
Quant au houleux sujet du mariage gay, le président de la République a réitéré sa confiance et son attachement à la promulgation de ce texte "égalitaire". "Ceux qui n’en veulent pas pourront toujours attendre l’alternance", a-t-il froidement lâché à l’encontre des détracteurs du mariage pour tous.
- Le droit de vote des étrangers débattu après les municipales de 2014
En ce qui concerne les promesses restées lettre morte, le président a été interrogé sur le droit de vote des étrangers, un sujet particulièrement épineux. "Je ne veux pas donner l'impression que nous chercherions avant les municipales à utiliser cette question du droit de vote des étrangers pour entretenir je ne sais quel malentendu", a-t-il déclaré en faisant allusion aux accusations de l’UMP qui y voit une "basse manœuvre électoraliste" de la part du Parti socialiste.
it"Donc, ce texte ne sera pas présenté avant les élections municipales" de 2014, a-t-il ajouté, s'engageant pour la première fois aussi clairement sur ce sujet depuis son élection.
D'autre part, le chef de l'État est resté vague sur un possible remaniement ministériel. "Est-ce qu’il y aura un remaniement ? C’est possible, mais ce n’est pas aujourd’hui, ce n’est pas maintenant, et ce n’est pas d’actualité", a-t-il lâché.
- Mali : "Ce sont les Maliens qui choisiront leur dirigeant"
Concernant la politique extérieure de la France, François Hollande s’est attardé sur l’opération française au Mali, lancée le 11 janvier. Il a rendu hommage dès les premières minutes de son intervention aux six soldats tués pendant l’opération Serval. "Ils [les militaires tués] ont fait bien plus que libérer le pays du terrorisme, ils ont fait aimer la France dans toute l’Afrique", a-t-il déclaré avant de revenir un peu plus tard sur l'élection présidentielle au Mali qui devrait se tenir au mois de juillet. "Nous sommes intervenus pour libérer un peuple, un pays. À aucun moment nous n’avons voulu choisir le président. Ce sont les Maliens qui choisiront leur dirigeant", a-t-il insisté, récusant toute accusation d’ingérence.
itLe chef de l'État a ensuite répondu plus précisément aux questions d’un journaliste concernant le sort des sept otages français retenus en Afrique, notamment ceux enlevés au Niger, à Arlit (nord), en 2010. "Il est plus que temps de les libérer", a déclaré le président en s’adressant aux ravisseurs. "Nous cherchons toujours à libérer nos compatriotes sans que les terroristes en sortent renforcés [...]. À chaque fois que nous agissons, nous le faisons dans la discrétion", a-t-il précisé.
- Syrie : "Convaincre Moscou d’en finir avec Assad"
Du côté du Moyen-Orient, le président François Hollande a estimé qu'il fallait convaincre Moscou, soutien indéfectible du régime syrien, que "son intérêt est d'en terminer avec Bachar al-Assad". Il a assuré que Paris participait aux efforts diplomatiques internationaux en cours pour mettre un terme à la guerre en Syrie. La résolution du conflit syrien "ne peut pas être simplement traitée à deux pays, ça doit se faire avec l'ensemble de la communauté internationale", a-t-il ajouté.
it- L'impopularité ? "Pas l'un des objectifs que je m'étais fixés..."
Dans le dernier quart d’heure de son discours, le président s’est attelé à peindre l’image d’une France combattive et "offensive", une France dont l’ambition est "de montrer la voie dans l’Europe et dans le monde". Car "la France n’est pas le problème, la France, c’est la solution", a-t-il conclu.
Ce rendez-vous médiatique - que François Hollande avait réussi il y a six mois -, a-t-il été aussi convaincant que le premier ? Il fut en tous cas tout autant parsemé de touches d’humour que le fut le précédent. Quant à la question de son impopularité - sujet que François Hollande avait pris soin d’éviter -, il a simplement répondu, taquin, au journaliste qui l'a interrogé : "Non, définitivement, ce n’était pas l'un des objectifs que je m’étais fixés...", provoquant inévitablement une petite vague de gloussements dans l’assemblée.