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Elections législatives en Bulgarie sur fond de crise économique et politique

Après avoir manifesté pendant des semaines contre la pauvreté, les Bulgares votent, ce dimanche, pour élire un nouveau Parlement. Avec le risque qu'aucune majorité claire ne sorte des urnes... Reportage.

C'est le pays le plus pauvre de l'Union européenne. La Bulgarie, pays membre depuis 2007, vote ce dimanche 12 mai pour élire un nouveau Parlement dans un climat de crise économique sans précédent depuis les années 1990. Lassés par l'extrême pauvreté et par la corruption qui gangrène le pays, des milliers de Bulgares sont descendus dans la rue en février pour protester contre des factures d'électricité de plus en plus élevées. Sept personnes se sont immolées par le feu dans des lieux publics. Du jamais vu en Bulgarie.

"J'ai 65 ans, ma pension est de 130 leva, ça représente plus ou moins 60 euros, raconte Tatiana, retraitée. Je ne peux pas payer plus de 1 600 leva d'électricité. Vous savez, 1600 leva, c'est impossible [800 euros, NDLR] !"

Face à la grogne, le Premier ministre de centre-droit et homme fort du pays, Boïko Borissov, a dû jeter l'éponge le 20 février. "De toute façon, il ne restait que deux mois avant que les élections ne se tiennent", rappelle le Premier ministre démissionnaire et candidat du GERB. "D'autre part, les tensions au sein de la population bulgare étaient telles qu'il était presque impossible de dialoguer. Mon gouvernement et moi-même ne souhaitions pas rester pris au piège du manque de dialogue avec les autres partis politiques qui, eux, ne pensaient qu'aux prochaines élections."

"Il était presque impossible de dialoguer"

D'après la politologue Anna Krasteva, Boïko Borissov a agi en fin stratège. "Après la démission du gouvernement, les critiques se sont vite adressées directement à toute la classe politique et plus seulement au gouvernement", analyse-t-elle.

Un mécontentement dont la gauche de Sergei Stanishev espère encore tirer profit. "Les gens veulent le changement, ils veulent un travail, ils veulent plus de justice, ils veulent des services sociaux", insiste ce dernier, président du Parti socialiste bulgare (PSB). "Ce sont les principaux points de notre campagne. Nous voulons rendre la Bulgarie au peuple."

Le spectre d'un scénario à la grecque

Les derniers sondages donnaient les conservateurs du GERB et les ex-communistes du PSB au coude-à-coude. Le premier recueille entre 29 % et 35 % des intentions de vote, soit une avance minime sur le second (qui enregistre de 25 % à 32,3 %), selon des fourchettes établies à partir de huit sondages.

Reste que le scénario du pire est à craindre, un scénario à la grecque ou à l'italienne dans lequel aucune majorité stable ne se sortirait des urnes.