
Après avoir reçu une lettre du gouvernement américain, l'étudiant à l'origine du premier pistolet conçu avec une imprimante 3D a dû retirer les plans accessibles sur son site. Les autorités craignent que des criminels produisent des "armes maison".
C’est par une lettre du département d’État américain que Cody Wilson s’est vu intimer l’ordre, le 9 mai, de retirer de son site le manuel de fabrication du "Liberator". Deux jours plus tôt, cet étudiant texan de 25 ans, fondateur du Defense Distributed, une association pro-armes, avait annoncé avoir réussi à mettre au point le premier pistolet conçu par une imprimante 3D.
Inquiètes de voir les plans de cette invention en accès libre, les autorités ont stipulé au jeune homme qu’il n’avait pas reçu d’agrément lui permettant d’exporter des armes ou des données techniques les concernant.
Le gouvernement lui a aussi signifié qu’une telle initiative était susceptible de contrevenir à la réglementation américaine contre le trafic d'armes au niveau international (Itar).
"Jusqu'au moment où le Département d'État donnera une autorisation à Defense Distributed selon la législation en vigueur, Defense Distributed doit considérer que ses données sont contrôlées par l'Itar. Cela signifie que toutes les données en accès libre doivent être retirées dès à présent ", peut-on lire dans cette lettre, qui exige également le retrait de neuf autres fichiers concernant des composants d’armes à feu.
À ne pas mettre entre toutes les mains
Le gouvernement américain craint surtout que cet exploit technologique ne tombe entre les mains de criminels ou d’organisations terroristes. Le "Liberator" composé de 16 pièces en plastique et d’un seul élément en métal, le percuteur, a été fabriqué à l’aide d’une simple imprimante 3D, commandée sur Ebay pour 8 000 dollars.
La semaine dernière, des messages, postés sur un forum lié à Al-Qaïda, laissaient ainsi entendre que les djihadistes s’intéressaient de près au projet de fabrication "d'armes maison".
Propagation des données
Malgré cette réaction des autorités, les fichiers ont déjà fait le tour du Web. Selon Fox News, les plans du Liberator ont été téléchargés plus de 100 000 fois. Même s’ils ont été retirés du site de Defense Distributed, ils sont toujours accessibles sur des plateformes de téléchargement comme Pirate Bay.
Le concepteur Cody Wilson ne s’inquiète d’ailleurs pas outre mesure de la pression exercée par le gouvernement américain. Interrogé par le site BetaBeat, il affirme que "penser qu’on puisse arrêter la diffusion de ces données est vraiment un non-sens par rapport à ce que sera la distribution des technologies dans le futur".
Le jeune homme, qui est considéré comme l’une des 15 personnes les plus dangereuses au monde par le magazine Wired, estime qu’il est dans son bon droit. Fervent défenseur du deuxième amendement de la Constitution qui garantit pour tout citoyen américain le droit de porter des armes, l’étudiant se définit comme un "crypto-anarchiste". "Oui, il s’agit d’un pistolet. Mais je ne pense pas que cela soit une raison suffisante pour ne pas le diffuser. La liberté est en fin de compte l’intérêt qui prime avant tout", a-t-il résumé au magazine "Forbes".