logo

La mort d'un arbitre frappé par un footballeur met les États-Unis en émoi

Un arbitre américain de 46 ans a succombé à ses blessures après avoir été frappé d'un coup de poing par un joueur de football de 17 ans. Sur les terrains, les cas d'agression contre les arbitres sont de plus en plus fréquents.

Ricardo Portillo est resté une semaine dans le coma avant de succomber, samedi 4 mai, à ses blessures. Le 27 avril dernier, cet arbitre âgé de 46 ans a été violemment agressé par un joueur lors d’un match de football amateur organisé à Taylorsville, dans l’Utah.

Un jeune gardien âgé de 17 ans lui a asséné un coup de poing après avoir reçu un carton jaune pour avoir poussé un adversaire. Comme le rapporte le journal "Salt Lake Tribune" qui a obtenu le rapport de la police, l'homme "était étendu au sol sur le côté gauche en position fœtal. Ricardo se plaignait d’une douleur au visage et au dos. Il se sentait nauséeux." Les secours ont d’abord pensé qu’il souffrait de blessures légères, mais ils ont ensuite constaté à l’hôpital de graves lésions au cerveau, dont un œdème cérébral.

De précédentes agressions

Lorsque la fille de l’arbitre a appris son agression, elle n’avait pas été surprise. Selon elle, son père, qui avait immigré il y a 16 ans du Mexique, avait déjà été agressé auparavant sur un terrain de football. Sa famille lui avait même conseillé d’arrêter d’arbitrer.

"J’ai beaucoup de colère en moi", a raconté Johana Portillo au "New York Times". "Les gens se comportement parfois avec stupidité lors de ces matchs. Ils ne pensent pas que les arbitres ont une famille chez eux ? Qu’ils ont des gens qui les attendent ?"

"Peut-être qu’il ne s’agit seulement d’un enfant, mais il était assez âgé pour savoir ce qu’il faisait. Il doit répondre de ses actes", a-t-elle ajouté.

Une violence de plus en plus fréquente

Barry Mano, le président de l’Association nationale américaine des organisateurs de compétitions sportives (National Association of Sports Officials) considère également que cette tragédie était malheureusement prévisible. Interrogé par le quotidien new-yorkais, il estime que les conditions de sécurité se sont détériorées pour les arbitres ces dernières années : "Il ne se passe pas une semaine sans que nous recevions deux ou trois appels concernant des agressions d’arbitres".

Reste que le phénomène n’est pas propre aux États-Unis. En décembre dernier aux Pays-Bas, un arbitre de touche a péri sous les coups d'un groupe de trois joueurs. Deux mois plus tard, c’est un jeune arbitre espagnol de 17 ans qui a perdu sa rate après avoir été frappé par un policier de profession qu'il venait d'expulser du terrain.

Ces violences s’expliquent, selon le directeur à l’Institut d’étude du sport de l’Université du Michigan, Larry Lauer, par l’importance accordée au sport et à la victoire dans notre société : "Les jeunes athlètes ne sont pas suffisamment préparés à gérer leurs émotions après un mauvais résultat et peuvent avoir ce genre de comportement extrême", explique-t-il sur le site de USA Today.

Le jeune footballeur suspecté d'avoir porté un coup fatal à Ricardo Portillo a été placé dans un centre de détention juvénile. Initialement inculpé pour violences aggravées, il pourrait être accusé de charges plus sévères, selon les résultats de l’autopsie et éventuellement jugé comme un adulte.