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Un ancien gardien d'Auschwitz de 93 ans arrêté en Allemagne

Un homme d'origine lituanienne de 93 ans, ancien gardien au camp d'extermination d'Auschwitz, a été arrêté à son domicile, dans le sud-ouest de l'Allemagne. Il était le quatrième sur la liste des criminels nazis les plus recherchés.

Il était gardien au camp de concentration d’Auschwitz entre 1941 et 1945 et la justice l’a rattrapé. Hans Lipschis, 93 ans, a été arrêté à son domicile et placé en détention provisoire, a annoncé ce lundi 6 mai le parquet de Stuttgart.

D’après un communiqué du ministère public, ce nonagénaire né en Lituanie et résidant à Aalen (sud-ouest du pays) est soupçonné de complicité de meurtres. "Une inculpation est en cours de préparation", ajoute le communiqué. Malgré son âge avancé, le médecin qui l’a examiné l’a jugé capable de supporter un emprisonnement.

"Il a travaillé au sein du service des gardiens, même s'il n'était pas gardien à part entière", a expliqué la porte-parole du parquet, ajoutant que "son activité principale n'était pas (celle de) gardien". "Nous allons chercher à établir ce qu'il a fait concrètement et pendant combien de temps à Auschwitz", a-t-elle affirmé, ajoutant que les enquêteurs partaient du principe qu'il avait "par ses actes, apporté son aide aux criminels".

Bataillon SS

D'après une récente enquête de la chaîne de radio-télévision publique régionale SWR, Hans Lipschis prétend avoir travaillé en tant que cuisinier, et non en tant que gardien, dans ce camp ouvert par les nazis en Pologne occupée.

Dans son rapport de 2013, le Centre Simon Wiesenthal, qui traque les derniers anciens nazis encore en vie, plaçait Hans Lipschis en quatrième position sur sa liste des criminels les plus recherchés. Le centre affirme qu'il a servi dans un bataillon de SS entre 1941 et 1945, et qu'il "a pris part à des massacres et à la persécution de civils innocents, principalement des juifs".

"L'arrestation de Lipschis est un premier geste bienvenu vers ce que nous espérons être une large série de mesures prises par les autorités judiciaires allemandes contre le personnel des camps de la mort et ceux qui ont servi au sein des Einsatzgruppen (groupes d'exécution mobiles) qui, ensemble, ont assassiné plus de trois millions de juifs pendant l'Holocauste", s'est félicité Efraim Zuroff, directeur de l'antenne israélienne du Centre, dans un communiqué.

Ni documents, ni témoins

La condamnation en Allemagne, en mai 2011, de John Demjanjuk, un apatride d'origine ukrainienne, à cinq ans de prison pour participation à des meurtres de juifs lorsqu'il avait été gardien dans un camp de concentration a donné le coup d'envoi à des mises en accusation fondées sur des éléments uniquement circonstanciels, sans preuves d'acte criminel. Le tribunal avait conclu qu'il avait bien été gardien, et qu'il était donc complice des meurtres commis alors qu'il avait été présent dans le camp, bien qu'il n'y ait ni documents ni témoins.

L'Office de Ludwigsburg, qui gère les dossiers du nazisme, avait indiqué début avril vouloir entamer une procédure contre 50 anciens gardiens d'Auschwitz-Birkenau vivant dans toute l'Allemagne et âgés d'environ 90 ans.

De 1940 à 1945, environ 1,1 million d'hommes, de femmes et d'enfants, en majorité des juifs de divers pays d'Europe occupés par les Allemands, périrent à Auschwitz-Birkenau, le plus grand camp nazi de concentration et d'extermination. Près de 85 000 Polonais non juifs, 20 000 Tziganes, 15 000 Soviétiques et 12 000 autres personnes y ont également trouvé la mort.

Avec dépêches

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