La CGT et la CFDT ne feront pas front commun, cette année, pour le défilé du 1er-Mai. Les principaux syndicats français sont divisés sur la question du projet de loi concernant la sécurisation de l'emploi.
Unis pendant les cinq années du mandat de Nicolas Sarkozy, les syndicats affichent leur division pour le premier 1er-Mai de François Hollande.
La CGT et la CFDT en désaccord
Dans un climat social lourd où l'impatience grandit face à l'explosion du chômage, la CGT et la CFDT, partagées sur les remèdes à apporter à la crise, ne parviennent pas à se rassembler, au risque de se contenter de cortèges clairsemés.
Les divergences entre les confédérations se cristallisent autour du projet de loi sur la sécurisation de l'emploi, un "accord scélérat" pour la CGT, une avancée pour créer des emplois aux yeux de la CFDT.
La CGT, premier syndicat français, organise, avec la FSU et Solidaires, 279 défilés à travers le pays. Le cortège parisien partira à 15 heures de Bastille vers la place de la Nation, avec en tête Thierry Lepaon, le nouveau numéro un de la centrale. Jean-Luc Mélenchon sera dans la rue, à Paris, en soutien aux syndicalistes.
Le leader de la CFDT, Laurent Berger, lui, appelle à un rassemblement en fin de matinée dans la banlieue de Reims avec son homologue de l'Unsa, Luc Bérille, et de la CFTC, Philippe Louis. L'initiative est inédite et augure un début de front uni des réformistes.
Force ouvrière fait, comme souvent, cavalier seul avec un rassemblement au Mur des fédérés, en hommage à la Commune de Paris.
La division, un "drame" pour les salariés
À la veille des défilés, les députés socialistes ont opportunément mis sur la table de l'Assemblée nationale une proposition de loi sur la reprise des sites rentables, un texte qui complèterait l'accord sur l'emploi dans le sens voulu par les syndicats, au grand dam du Medef qui dénonce une "aberration".
Au moment où le nombre de chômeurs atteint un record historique, en passant la barre des 3,2 millions, et que chaque jour apporte son lot d'annonces de suppressions d’emploi, la majorité des Français (57 %) estime que la défense de l'emploi doit être le premier objectif des syndicats, selon un sondage CSA.
Si Thierry Lepaon "regrette" la division syndicale, un "drame pour les salariés", Laurent Berger la juge inévitable : "Les salariés ne comprendraient pas que nous défilions bras dessus, bras dessous". Alors que la CGT "tire à boulets rouges sur l'accord, pour nous, c'est un texte majeur", a-t-il ajouté.
Pour la CGT, le seul moyen d'y parvenir est de changer de cap. Dans une lettre au président de la République, Thierry Lepaon lui demande de rompre avec les "politiques d'austérité et de rigueur". Le numéro un de la CGT ajoute sa voix à celle d'une partie de la gauche et du PS qui demandent au chef de l'État un tournant vers une politique de relance.
La CFDT dénonce aussi, la politique d'austérité. Son leader s'en prend à l'Europe qui "va trop loin" en imposant un "rythme effréné" de réduction des déficits. M. Berger tacle le gouvernement français qui "ne tape pas assez du poing sur la table à Bruxelles".
Dans le contexte de crise sociale, les syndicalistes craignent la montée de l'extrême droite, et guettent avec appréhension le succès du rassemblement du Front national. "L'extrême droite est en progression malheureusement", regrette M. Berger qui se méfie de tous les "populismes" en y intégrant le "coup de balai" annoncé par Jean-Luc Mélenchon pour le 5 mai.
Sans être critique envers le Front de gauche, le numéro un de la CGT refuse d'appeler à manifester dimanche prochain.
Avec dépêches