Quatre jours après l’adoption du projet de loi sur le mariage entre personnes du même sexe, le premier salon du mariage réservé aux hommes gays s’est tenu samedi à Paris. Un nouveau business alors que les premières unions auront lieu en juin.
Éclairage fuchsia, nappe noire, statuettes représentant deux mariés… le salon du mariage gay, ou "G-day", s'est tenu samedi 27 avril à Paris, pour les couples homosexuels masculins. Un business qui émerge seulement quatre jours après l’adoption du projet de loi sur le mariage pour tous par le Parlement.
Réparties sur 700 m², une trentaine de sociétés proposent des services de wedding planners, photographes ou encore costumiers. À priori, rien de très innovant par rapport à un salon du mariage lambda. "La principale différence c’est qu’ici, les exposants s’affichent en faveur de l’égalité," explique cependant Claire Jollain, l’organisatrice de l’évènement.
Pas de modèle typiquement homo
Selon Marie Bouvet, créatrice du blog "Oh my day", fournisseur d’astuces et de conseils pour homosexuels sur le point de se passer la bague au doigt, la différence réside dans la créativité, beaucoup plus présente que pour un mariage hétérosexuel. "Étant donné qu’un mariage gay est, obligatoirement, une union laïque, il n’y a plus le côté traditionnel du mariage hétéro. Nous pouvons donc davantage laisser libre cours à la créativité. On peut, par exemple, imaginer une cérémonie totalement décalée : un saut en parachute, suivi de la célébration de l’union par le maire à l’atterrissage. S’en suivrait une énorme fête dans un champ. Tout est possible, mais attention, l’idée n’est pas de faire forcément quelque chose de délirant. L’option classique fait également recette. Il n’y a pas de règle," souligne-t-elle.
Gay-friendly
Pour Séverin et Steve, les choses sont loin d’être organisées. Ils sont donc ici avant tout par curiosité. "J’ai fait ma demande à Séverin en octobre dernier, avant l’adoption de la loi, raconte Steve. Désormais, on peut commencer à penser sérieusement aux préparatifs". Ce qui les a amenés ici c’est avant tout "l’ambiance".
Car, ici, tous les exposants sont "gay-friendly", ce qui n’est pas forcément le cas partout. Et c’est sur ce créneau que jouent les entreprises présentes. Pas de risque, en effet, de tomber sur quelqu’un qui ne veut pas travailler pour vous en raison de votre orientation sexuelle. "Certains avocats nous ont confié qu’ils n’étaient pas intéressés, pour des questions de valeurs, par le fait de travailler sur des contrats de mariage gay par exemple," déplore Jean-François, wedding planner chez PrimeDay.
Bernard, photographe "hétéro solidaire" pour le site ‘Jevousprendshomos.com’, en témoigne également : "Les gays viennent davantage vers moi car mon regard est plus ouvert."
"On n’est pas des midinettes"
De son côté, Didier, la cinquantaine passée, affirme être là davantage en militant qu’en tant que futur marié, même si lui et son compagnon prévoient de s’unir officiellement. "Cela fait 19 ans que je suis avec mon copain. On veut se marier car nous en avons le droit, mais nous sommes plus dans le réalisme que dans le romantisme à notre âge, on n’est pas des midinettes. Si je suis là aujourd’hui c’est surtout dans un souci militant," confie-t-il. Pour l’homme, la présence de CRS, déployés à l’extérieur du bâtiment n’est pas bon signe : "Sommes-nous à Paris ou à Moscou ? Certains de mes amis n’ont pas osé venir par peur de se faire casser la gueule."
À ses côtés, son meilleur ami Mickaël, célibataire, se réjouit des trouvailles faites sur les lieux : "J’ai toujours été rebuté par le côté cul-cul la praline des mariages, mais je remarque que cela évolue, c’est bien, on sort peu à peu des clichés. Désormais, le trio fleurs-dragées-robe blanche ne tient plus."
En somme, une volonté de se détacher du modèle féminin traditionnellement imputé au mariage. Des femmes d’ailleurs totalement éclipsées lors de cet évènement… Du côté de l’organisation, on se défend de toute discrimination : "Nous pensions au départ que les hommes avaient davantage besoin d’un salon dédié à leurs besoins, mais il se trouve que nous avons reçu beaucoup de demandes de la part de lesbiennes, que nous n’avons pas pu exaucer faute de place. Si il y a une prochaine édition du salon, elles en feront partie," promet Claire Jollain.