En plein débat sur la moralisation de la vie politique, le ministre de l'Éducation nationale a confirmé lundi que la morale laïque sera au programme scolaire dès 2015. L'annonce de cette mesure, en septembre dernier, avait déclenché une polémique.
Du cours préparatoire (CP) à la terminale, les élèves français devront suivre des cours de morale laïque, et ce à partir de la rentrée 2015. C’est ce qu’a confirmé Vincent Peillon, ministre de l’Éducation nationale, lundi 22 avril dans un entretien au "Monde".
Vincent Peillon a reçu, plus tôt dans la journée, un rapport sur la morale laïque, commandé en octobre 2012 et remis par Alain Bergounioux, historien et inspecteur général de l'Éducation nationale, Laurence Loeffel, professeur de philosophie de l'éducation à l'université de Lille-3 et Rémy Schwartz, conseiller d'État.
Cette mesure avait été évoquée juste avant la rentrée de septembre 2012, ce qui avait provoqué une controverse. Le prédécesseur de Vincent Peillon à l'Éducation nationale, Luc Chatel, avait ainsi reproché au ministre ses propos sur le redressement "intellectuel et moral" de la France, les rapprochant d'une phrase du maréchal Pétain lors de son appel du 25 juin 1940.
"Ce n'est pas la morale du ministre", s'est défendu Vincent Peillon dans le "Monde", indiquant que c’est le Conseil national des programmes qui définira la mise en œuvre de ce cours.
Une heure par semaine
"Il y aura bien un enseignement dédié", au sens où les élèves ne feront "que ça pendant une heure", mais ce ne sera "pas une discipline", au sens où il n'y aura pas de Capes ni d'agrégation spécifique comme il y a des concours pour devenir professeur de maths ou d'anglais, a précisé le ministre, agrégé de philosophie.
Les écoliers et collégiens devront y consacrer au moins une heure par semaine, préconise le ministre, tandis que les lycéens se verront dispenser cet enseignement 18 heures par an. En primaire, cet enseignement sera dispensé par les professeurs des écoles, comme les autres matières. Mais dans le secondaire, il pourrait passer par des "travaux interdisciplinaires", a proposé Vincent Peillon.
"Tous les professeurs seront formés à pouvoir assurer" cet enseignement, et ceux qui le choisiront le feront, a-t-il insisté, souhaitant que ce ne soit pas "la chasse gardée" des philosophes et des historiens.
Ce nouveau cours dans l’emploi du temps des élèves devra par ailleurs être évalué. Cela pourrait passer par exemple par une "forme de contrôle continu au bac".
"Le respect de toutes les croyances"
"La morale laïque, c'est le contraire de la raison d'État", "chaque citoyen doit construire librement son jugement", a dit le ministre pour justifier sa mesure. C'est aussi "le respect de toutes les convictions, de toutes les croyances".
"Une société démocratique ne peut pas vivre uniquement" dans "la peur du gendarme", mais avec ce "qui vient de l'intérieur, ce que nous portons nous-mêmes, ça s'appelle la morale", a-t-il conclu.
Avec dépêches