De retour en France depuis samedi 20 avril, la famille Tanguy Moulin-Fournier, libérée après deux mois de captivité au Nigeria, a levé le voile, dans le journal de France 2, sur ses conditions de détention.
Les sept membres de la famille Moulin-Fournier, dont quatre enfants, libérés vendredi après avoir été retenus en otages par le groupe islamiste Boko Haram au Nigeria, ont relaté, samedi soir, sur France 2, leurs conditions de détention.
Une "bâche sous les ronces", puis "une sorte de clairière sous un arbre protecteur" ont été les lieux de détention, a décrit le père de famille Tanguy Moulin-Fournier, expliquant également avoir presque dû "négocier l'eau" avec les ravisseurs, par une chaleur accablante.
Interrogée sur la bonne santé des enfants, Albane Moulin-Fournier a indiqué que "les enfants vont très bien, ils ont très bien résisté, ils n'ont pas pleuré, pas fait de
cauchemars". "Ils étaient des enfants qui jouent avec ce qu'ils trouvent, des morceaux de bois, des boîtes de sardines vides. Il avaient aussi quelques livres avec eux. Les fables de La Fontaine, par exemple."
Par le "rythme" et les "rituels" que leur présence imposait aux adultes, les enfants ont aidé la famille tout entière à tenir bon, a ajouté Albane Moulin-Fournier. "On se disait il ne faut pas lâcher, on n'a pas le choix".
Le retour en France
Des couvertures sur les épaules pour se protéger du froid parisien après avoir connu l'écrasante chaleur africaine, ils sont tombés dans les bras de leurs proches, avant de s'acheminer vers le pavillon d'honneur où ils sont restés un moment. "Je suis très heureux d'être de retour en France, c'est un grand moment. Après, on retournera également au Cameroun, qui est un très beau pays où on se plait beaucoup", a ensuite déclaré à la presse Tanguy Moulin-Fournier.
Les trois adultes et quatre enfants - Clarence, 5 ans, Maël, 8 ans, Andeol, 10 ans, et Eloi, 12 ans - avaient été enlevés le 19 février alors qu'il étaient en vacances dans un parc national dans l'extrême nord du Cameroun.
Le père, la mère et leurs quatre garçons résidaient depuis 2011 à Yaoundé, où Tanguy Moulin-Fournier est employé comme expatrié par GDF Suez. Cyril Moulin-Fournier, le frère de Tanguy, qui vit en Espagne, les avait rejoints pour les vacances.
"Non versement de rançon"
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Les autorités françaises et camerounaises ont indiqué que la famille avait été libérée dans la nuit de jeudi à vendredi à la frontière entre le Cameroun et le Nigeria. Très peu d'informations ont filtré sur les conditions de cette libération, annoncée par la présidence camerounaise dès vendredi matin.
La France, avait assuré vendredi François Hollande, ne change pas son "principe", qui est "le non versement de rançons". L'Élysée a également affirmé que la libération des otages n'était pas "une action de force" mais le fruit de "contacts multiples".
"L'heureux dénouement de cette affaire est incontestablement le fruit d'une coopération exemplaire entre les gouvernements français, nigérian et camerounais", a de son côté estimé le président camerounais Paul Biya, appelant à un "renforcement" de la coopération internationale pour faire face à l'insécurité sur le continent africain.
Les ravisseurs des Moulin-Fournier se réclamaient du groupe islamiste Boko Haram, actif dans le nord du Nigeria, une zone troublée depuis plusieurs années par des attentats et des assassinats violemment réprimés par les forces de sécurité nigérianes.
Ils demandaient notamment la libération de membres de leurs familles "emprisonnées au Nigeria et au Cameroun".
Ces revendications avaient été jugées "hors de portée de la France" par Laurent Fabius, qui avait toutefois effectué un voyage au Cameroun à la mi-mars et y avait rencontré le président Biya.
"Pour les otages qui viennent d'être libérés, des contacts avaient pu être établis ces dernières semaines et en particulier ces derniers jours", a-t-il dit, M. Fabius indiquant avoir parlé avec le président Biya "presque tous les jours au cours de ces dernières semaines".
La France compte encore au moins sept de ses ressortissants otages en Afrique. Des rapts revendiqués par des groupes islamistes dont six par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) au Sahel.
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