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À Kidal, au nord du Mali, la menace terroriste est permanente. L'État malien est aux abonnés absents et son armée n’est pas la bienvenue. Les rebelles touareg du MNLA entendent contrôler ce territoire qu’ils appellent l’Azawad. Les forces franco-tchadiennes maintiennent un calme précaire, mais le retrait annoncé des Français risque de laisser les Tchadiens seuls dans une ville au bord de l’explosion. Nos reporters ont accompagné l’armée tchadienne sur le terrain.

Ils sont discrets et ont peu l’habitude des caméras. Les soldats tchadiens passent pour être parmi les meilleurs combattants du continent africain. Une longue expérience du combat, forgée par plus de vingt ans de guerre dans les sables du Sahel, et une expertise qui les place aujourd’hui à la pointe du dispositif dans cette guerre si particulière qui se déroule dans le nord du Mali. Le Tchad n’a pas d’aviation, mais une infanterie aguerrie qui va au contact, au prix parfois de lourdes pertes : 47 morts depuis le début de l’offensive des forces françaises et africaines contre les milices islamistes. Ils sont 2 400 militaires tchadiens à traquer un ennemi furtif, des djihadistes qui privilégient les attentats-suicides. Le 12 avril dernier, les Tchadiens ont encore perdu quatre des leurs,à Kidal au nord du Mali. Un kamikaze les a surpris avec sa ceinture explosive.

Le campement militaire de Kidal, jadis occupé par l'armée malienne avant sa débâcle, abrite aujourd’hui les Forces armées tchadiennes d’intervention au Tchad (FATIM). La caserne est à l’image du pays qui a sombré dans une crise sans précédent depuis le coup d’État du 22 mars 2012, fomenté par le capitaine Amadou Haya Sanogo. L’eau est fournie par les militaires français. Il n’y a pas d’électricité. Seul un petit groupe électrogène permet de fournir un peu d’énergie, surtout pour recharger les téléphones portables des soldats tchadiens. C’est leur seul moyen de communication avec leurs familles laissées au pays.

La ville de Kidal, à elle seule, résume l’équation complexe d’un Mali désarticulé qui risque la partition. Elle est aux mains du Mouvement national de libération de l’Azawad. Ce mouvement cohabite avec des forces étrangères (France et Tchad) venues à la demande de son pire ennemi : le gouvernement central de Bamako. Ce rapport de force permet, pour l’instant, un équilibre précaire… Un retrait français ou tchadien signifierait un retour immédiat au chaos. Le MNLA en est bien conscient. Il y a un an, face aux islamistes, il s’était fait expulser des villes qu’il venait d’acquérir.