![Le Sénat rejette la mesure phare de la réforme sur les armes Le Sénat rejette la mesure phare de la réforme sur les armes](/data/posts/2022/07/18/1658136083_Le-Senat-rejette-la-mesure-phare-de-la-reforme-sur-les-armes.jpg)
Le Sénat a infligé un sérieux camouflet au président des États-Unis mercredi en rejetant la mesure sur la vérification des antécédents d'acheteurs d'armes à feu. Barack Obama devrait s'exprimer depuis la Maison Blanche.
C'est un échec sévère. Quatre mois après l'électrochoc du massacre de l'école de Newtown, l'une des mesures phares de la réforme des lois sur les armes promue par le président Barack Obama a été rejetée par le Sénat américain.
Quatre élus du parti démocrate ont fait défection et rejoint les républicains pour voter contre un amendement qui aurait imposé des vérifications d'antécédents judiciaires et psychiatriques avant les achats d'armes sur internet et dans les foires spécialisées.
"Honte à vous!" a crié depuis la galerie du public Patricia Maisch, qui avait survécu à la fusillade de Tuscon, dans l'Arizona, en janvier 2011, et assistait au vote avec des proches de victimes de Newtown.
Le rejet du texte --lui-même édulcoré par rapport aux premières versions-- marque une défaite politique cinglante pour Barack Obama, qui a investi un capital politique considérable sur ce thème.
Depuis janvier, il a consacré trois déplacements et deux interventions formelles à la Maison Blanche aux armes à feu, souvent aux côtés de parents d'écoliers abattus à bout portant par Adam Lanza, le 14 décembre, dans deux salles de classe de l'école Sandy Hook à Newtown (Connecticut, nord-est).
Une heure avant le vote, anticipant la défaite, le vice-président Joe Biden avait promis que "si nous n'y parven(ions) pas aujourd'hui, nous y parviendrons en fin de compte". Il a exceptionnellement présidé la séance.
John McCain, l'ancien candidat républicain à la présidentielle, avait quant à lui tâché de consoler les auteurs de la mesure, un peu plus tôt: "faire ce qui est bien est toujours une récompense en soi".
Deuxième amendement
Les vérifications d'antécédents sont aujourd'hui requises seulement dans les magasins, sauf dans quelques Etats qui ont voté des lois plus strictes. Or les armureries ne représentent que 60% des ventes.
Une écrasante majorité d'Américains soutient la suppression de cette faille légale, mais le puissant lobby des armes, par la voix de la National Rifle Association (NRA), s'est montré intraitable.
La NRA, forte de millions de membres, peut se révéler une redoutable ennemie politique au moment des élections, en finançant des publicités télévisées contre les républicains qui l'auraient froissée en votant pour un affaiblissement perçu du deuxième amendement de la Constitution, qui garantit le droit de détenir une arme pour se défendre.
Un foyer américain sur trois possède au moins une arme
Les démocrates qui ont voté contre, mercredi, représentent des Etat ruraux comme l'Arkansas et le Dakota du Nord, où de nombreuses familles adhèrent à la NRA et possèdent des armes pour l'autodéfense, la chasse, le tir sportif ou comme simples collectionneurs.
Le républicain Charles Grassley a accusé mercredi l'administration Obama "de politiser une terrible tragédie pour promouvoir son programme anti-armes" et proposé sa propre mesure qui, de fait, assouplirait certaines réglementations.
"Le but est de faire quelque chose sur le fond qui s'attaquera au problème sous-jacent, et pas seulement de voter une loi pour se sentir mieux", a déclaré Lindsey Graham, fier propriétaire d'un fusil semi-automatique adapté d'un modèle militaire.
Les sénateurs devaient encore voter mercredi et dans les prochains jours sur des amendements traitant, entre autres, des armes d'assaut, des chargeurs de grande capacité et du trafic d'armes.
Le texte sur les armes d'assaut, qui interdirait la fabrication, la vente et l'importation de centaines de modèles d'armes semi-automatiques, du type de celle utilisée par Adam Lanza, est quasi assuré d'une défaite.
Des mesures plus consensuelles sur l'offre de soins psychiatriques pourraient être adoptées.
Mais le cœur de la réforme, visant à empêcher délinquants et déséquilibrés de se procurer des armes d'occasion sur les marchés secondaires, a bel et bien été abattu en plein vol mercredi.
Avec dépêches