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La Cour européenne des droits de l’Homme a bloqué une procédure d’extradition vers les États-Unis d’Haroon Aswat car ce terroriste présumé est atteint de schizophrénie paranoïaque.

Pas d’extradition vers les États-Unis pour Haroon Aswat. Ce terroriste présumé proche d’Al-Qaïda a obtenu, mardi 16 avril, que la Cour européenne des droits de l’Homme bloque la procédure validée par le Royaume-Uni où il réside. La juridiction dont le siège est à Strasbourg a fait valoir qu’en raison de l’état mental d’Haroon Aswat, une extradition vers les États-Unis avec possible incarcération dans une prison de sécurité maximum serait considérée comme un “traitement inhumain”.

Ce résident britannique de nationalité inconnue âgé de 38 ans est, en effet, atteint de schizophrénie paranoïaque. Il est interné depuis 2008 à l’hôpital psychiatrique de Broadmor (Royaume-Uni). Son transfert aux États-Unis “un pays où il n’a aucune attache et où il connaîtrait un environnement carcéral différent et peut-être plus hostile, aggraverait significativement son état de santé physique et mental”, a conclu la Cour européenne des droits de l’Homme.

Washington tient, en tout cas, fermement à mettre la main sur Haroon Aswat. Il a été inculpé en 2005, aux États-Unis, d’association de malfaiteurs en vue d’établir un camp d’entraînement djihadiste dans l’Oregon à la fin des années 90. D’après les autorités américaines, il aurait agi pour le compte d’Abou Hamza, le célèbre imam de la mosquée fondamentaliste de Finsbury Park dans le nord de Londres, qui a, lui, été extradé vers les États-Unis en octobre 2012.

Le rôle d’Haroon Aswat dans la galaxie des fondamentalistes musulmans britanniques n’a jamais été très clair. S’il est aujourd’hui présenté essentiellement comme l’un des principaux bras droits d’Abou Hamza, il a longtemps été soupçonné d’être une pièce bien plus importante encore du dispositif terroriste d’Al-Qaïda au Royaume-Uni.

Rôle dans les attentats de Londres ?

Il a même été présenté un temps comme l’un des cerveaux des attentats de Londres qui ont fait plus de 50 morts le 7 juillet 2005. Des fuites dans la presse ont, dans un premier temps, laissé entendre qu’il avait passé plusieurs coups de fils à deux des poseurs de bombes dans les transports en commun de la capitale britannique. Mais la police a, ensuite, précisé que le téléphone utilisé pour ces appels ne pouvait être clairement relié Haroon Aswat.

Ceux qui, malgré cela, voient en Haroon Aswat un homme clef des attentats de 2005 se sont également étonnés de la facilité avec laquelle ce fondamentaliste connu de la police britannique a pu quitter l’Angleterre seulement quelques heures avant les explosions à Londres. Un ancien procureur américain, John Loftus, avait même assuré sur la chaîne ultraconservatrice américaine Fox News qu’Haroon Aswat avait bénéficié de l’aide des services de renseignement britanniques pour quitter le pays car il était... un agent double du MI6 (service britannique du contre-espionnage).

Une affirmation invérifiable, jamais confirmée côté britannique, mais qui revient régulièrement sur certains sites adeptes des théories du complot. Reste que toutes les autorités du Royaume-Uni, jusqu’à la Chambre des Lords, ont poussé pour faciliter l’extradition d’Haroon Aswat. Après la décision de la Cour européenne des droits de l’Homme, le ministère britannique des Affaires étrangères s’est aussi déclaré déçu du jugement et envisage de faire appel. Le Royaume-Uni a trois mois pour le faire.