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Le pape François lance la réforme de la Curie

Un mois après son élection, le pape François a annoncé la formation d'un conseil de huit cardinaux chargés de le conseiller en vu de réformer la Curie. Parmi eux ne se trouve qu'un seul Italien.

La très attendue réforme de la Curie romaine est lancée. Un mois exactement après son élection, le pape François a annoncé s’être entouré d’un conseil consultatif de huit cardinaux pour gouverner et réformer, grâce à leurs suggestions, l'administration centrale de l'Église, souvent contestée pour son opacité et éclaboussée par des scandales. Le premier souverain pontife venu d’Amérique du Sud hérite, en effet, d’une Église à l'image écornée par plusieurs affaires de pédophilie, mais aussi le scandale des fuites du VatiLeaks et des luttes intestines au sein de la Curie.

Élu il y a exactement un mois, l'ancien cardinal argentin Jorge Bergoglio a été choisi par le conclave - l'assemblée des 115 cardinaux électeurs - pour, entre autres, rénover le gouvernement de l'Église et renforcer la collégialité.

Depuis, celui-ci a fait appel à des prélats de tous les continents qui seront chargés non seulement de le conseiller, mais aussi d'étudier un projet de révision de la Curie, un organe que Benoît XVI n'avait pas su réformer.

Les huit cardinaux, originaires des cinq continents, viennent d'Italie, du Chili, d'Inde, d'Allemagne, de la République démocratique du Congo (RDC), des États-Unis, d'Australie et du Honduras. Le groupe sera dirigé par l'archevêque Giuseppe Bertello, président du gouvernorat de l'État de la Cité du Vatican et seul Italien du Conseil, qui est aujourd'hui considéré comme le favori pour succéder au cardinal Tarciscio Bertone, le secrétaire d'État du Vatican - le "Premier ministre" de l'Église -, vivement critiqué pour sa gestion des affaires vaticanes.

En optant pour la diversité, le pontife démontre qu'il prend au sérieux le souhait, formulé par de nombreux évêques, de voir le Vatican prendre davantage en compte leurs aspirations.

"En finir avec le centralisme romain"

"Il souhaite réaliser ce que le concile Vatican II avait décidé : une plus grande 'collégialité' dans le gouvernement de l'Église", analyse Jean-Marie Guénois, journaliste spécialiste des religions, dans un article publié dimanche 14 avril dans le Figaro. "En finir, donc, avec la cour papale et avec le centralisme romain. Pour davantage impliquer les cardinaux et évêques des continents dans les grandes décisions ", poursuit-il.

La commission consultative doit également examiner les changements apportés en 1988 par le pape Jean-Paul II, prédécesseur de Benoît XVI, au statut de la Curie. La dernière grande réforme de la Curie a été menée par le pape Paul VI en 1967. Selon certains spécialistes, le pape François pourrait notamment limiter la durée des
mandats des prélats de la Curie afin de lutter contre le cloisonnement qui a favorisé la création de clans au sein de l'administration centrale de l'Église.

Les réunions des cardinaux et le conclave qui ont précédé l'élection de François ont été l'occasion d'un vaste débat entre les dignitaires de l'Église sur l'avenir de l'institution et ont débouché sur l'arrivée sur le trône de Saint-Pierre du premier pape non-européen. La première réunion du groupe aura lieu du 1er au 3 octobre, mais le souverain pontife est déjà en contact personnel avec les huit cardinaux.

Avec dépêches