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La question de l'évasion fiscale s'est invitée à la réunion des ministres européens des Finances à Dublin, ce samedi. Les six plus grandes puissances économiques de l'UE affirment vouloir plus de transparence dans le système bancaire européen.

Les ministres européens des Finances, réunis à Dublin, se sont penchés, samedi 13 avril, sur l’épineuse question de la lutte contre l'évasion fiscale.

"Le regain d'appétit des États membres en faveur de progrès et d'action pour combattre l'évasion fiscale est extrêmement bienvenu", s'est félicité le Commissaire européen chargé de la fiscalité, Algirdas Semeta, qui espère que la prochaine réunion des ministres européens des Finances, en mai, "débouche[ra] sur des résultats qui seront présentés aux dirigeants [chefs d'États et de gouvernement de l'UE, NDLR]" lors de la réunion du 22 mai.

Le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, avait auparavant affirmé de son côté qu'il fallait "saisir l'élan politique actuel" pour éradiquer un fléau qui fait perdre chaque année 1 000 milliards d'euros à l'Europe.

Les six principales puissances économiques de l’Union européenne (Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie, Espagne, Pologne) avaient fait part, vendredi, de leur volonté d’imposer une plus grande transparence dans le système bancaire en Europe.

"Le secret bancaire est dépassé"

À la suite des révélations du OffshoreLeaks sur des détenteurs de comptes dans des paradis fiscaux, les six puissances économiques européennes ont écrit cette semaine à la Commission européenne pour réclamer un "Fatca européen", à l'image de cette loi américaine qui permet d'obtenir toutes les informations sur tous les comptes bancaires, les placements et les revenus à l'étranger de tous les contribuables américains.

"Personne ne peut nier que le secret bancaire est dépassé, que nous avons besoin d’un système efficace qui s’attaque aux stratégies d’évasion, avait déclaré à la presse le ministre français des Finances, Pierre Moscovici. Il y a un vent qui souffle dans l'UE pour lever les opacités, les obstacles que peut receler le secret bancaire", avait-il ajouté.

En Europe, un changement est déjà perceptible : sous la pression de ses partenaires européens et surtout des États-Unis, le Luxembourg a accepté de lever partiellement le secret bancaire en se ralliant à l'échange automatique de données bancaires pour les particuliers à partir de 2015, notamment sur les revenus de l'épargne.

"Les endroits où vous cacher sont de plus en plus restreints"

Le ministre allemand, Wolfgang Schäuble, a souhaité que l'échange d'informations "soit étendu à tous les types de revenus du capital", tandis que son collègue italien Vittorio Grilli a dit espérer "créer une dynamique en Europe".

Au Royaume-Uni, le ministre britannique des Finances, George Osborne, a précisé qu’il travaillait à obtenir plus de transparence dans les territoires des Iles Caïmans et des Iles Vierges britanniques. "Les endroits où vous pouvez vous cacher deviennent de plus en plus restreints", a-t-il jugé. "Nous sommes à un stade avancé des discussions", a-t-il ajouté à propos des négociations concernant ces deux territoires. "Ils savent parfaitement ce que nous attendons d’eux", a-t-il encore dit.

Reste à convaincre les Autrichiens : le chancelier social-démocrate Werner Faymann s'est dit prêt à négocier la levée du secret bancaire pour les résidents étrangers, mais sa ministre des Finances, la conservatrice Maria Fekter, reste inflexible. Elle a répété ce samedi qu'elle "se battrait pour le secret bancaire".

Avec dépêches