La présidente du Medef n'a pas obtenu le nombre de voix nécessaires pour réformer les statuts de l'organisation patronale, en vue d'un troisième mandat. La patronne des patrons quittera ce poste, qu'elle occupe depuis huit ans, à la fin de l'été.
Laurence Parisot va devoir quitter cet été la tête du Medef qu'elle présidait depuis huit ans, après l'échec de sa tentative de réforme des statuts, rejetée jeudi par le conseil exécutif de la plus grande organisation patronale de France.
A l'issue d'un scrutin très serré, les 45 membres du conseil exécutif, réunis pendant une heure et demie, ont voté à 22 voix pour la convocation d'une assemblée générale extraordinaire le 16 avril, à 22 voix contre, et un vote blanc.
Pour convoquer cette assemblée, seule habilitée à valider une réforme des statuts voulue par Laurence Parisot pour briguer un troisième mandat, il aurait fallu une majorité simple, soit 23 voix favorables.
"Juridiquement, dans la mesure où il n'y a pas une majorité en faveur, cela équivaut au fait que la résolution n'est pas acceptée", a expliqué à l'issue de la réunion au siège du Medef à Paris Jean-Louis Schilansky, proche de l'actuelle présidente. Il a annoncé la diffusion d'"un communiqué de presse dans les heures qui viennent".
Mme Parisot devait s'exprimer dans la foulée devant la presse mais n'avait toujours pas pris la parole 40 minutes après l'annonce du résultat.
Les membres du conseil exécutif se sont prononcés à bulletins secrets sur une réforme qui aurait autorisé la patronne des patrons à se présenter pour un troisième mandat à la tête de l'organisation, après en avoir effectué deux, un de cinq ans et un de trois ans en vertu du règlement interne.
Saisi en janvier par Mme Parisot, le comité statutaire avait il y a dix jours posé les principes d'une réforme des statuts ne limitant plus le nombre de mandats à la présidence.
Plusieurs fédérations professionnelles ou territoriales avaient annoncé leur opposition à l'instauration de mandats de cinq ans renouvelables sans limite autre que l'âge du candidat, une transformation qui se serait appliquée à la présidente actuelle dès l'élection de l'été prochain.
"Nous devons régler une petite formalité dont on parle depuis trois mois dans la presse quasiment tous les jours", a ironisé juste avant d'entrer dans la réunion du conseil exécutif Pierre Gattaz, président du Groupe des fédérations industrielles (GFI), candidat à la succession de Mme Parisot.
"Parisot a fait ses preuves"
Charles Beigbeder, membre du conseil exécutif considéré comme un proche de la présidente, avait, lui, confirmé qu'il voterait contre la réforme des statuts. "Il ne faut pas la faire maintenant, c'est évident, c'est une question d'éthique", a-t-il déclaré, estimant qu'il y avait au sein du conseil "une majorité" contre.
Si elle avait passé le cap du conseil exécutif, la réforme aurait encore dû obtenir l'assentiment des deux tiers des 560 membres votants de l'assemblée générale qui aurait alors été appelée à se réunir en session extraordinaire le 16 avril.
"Laurence Parisot a fait ses preuves, on ne change pas forcément une équipe qui gagne au milieu du gué", avait déclaré Nicolas Rousselet, président de l'Union nationale des industries du taxi, en arrivant au siège du Medef jeudi.
Le conseil exécutif est composé de 22 représentants des fédérations professionnelles, 12 des Medef territoriaux, de 10 personnalités qualifiées souvent désignées par Mme Parisot, ainsi que de cette dernière.
Les candidats déjà déclarés à la présidence du Medef sont Pierre Gattaz (53 ans), Geoffroy Roux de Bézieux (50 ans), patron de Virgin Mobile (Omea Telecom), l'ex-médiateur de la sous-traitance Jean-Claude Volot et le patron de la PME Aqoba Thibault Lanxade.
Quant à la présidente sortante, âgée de 53 ans, elle avait annoncé le 1er mars vouloir être candidate en cas d'évolution des statuts.
Frédéric Saint-Geours, président de la puissante Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM), n'a pas encore dit ses intentions. Mais sa charge contre la tentative de Laurence Parisot de rester aux commandes et sa mise en retrait de l'équipe dirigeante de PSA Peugeot Citroën ont été interprétées comme des pas vers une candidature.
AFP