Les banques chypriotes ont rouvert leurs portes dans le calme après 12 jours de fermeture, mais les clients étaient soumis à des restrictions sur les mouvements de capitaux. Des mesures exceptionnelles qui devraient être levées d'ici un mois.
À Chypre, les banques ont rouvert dans le calme, jeudi 28 mars, après douze jours de fermeture. Une mesure exceptionnelle prise pour éviter une fuite de capitaux de l'île sauvée de la faillite par un plan international.
Le gouvernement chypriote a nommé jeudi une commission pour enquêter sur d'éventuels actes criminels ayant entraîné la débâcle des banques de l'île, a indiqué un conseiller du président, ajoutant que le chef de l'Etat avait réduit son salaire d'un quart.
Le panel sera chargé de déterminer s'il y a "des responsabilités criminelles, civiles ou politiques" à l'origine de la crise bancaire, a indiqué à la presse le sous-secrétaire de la présidence, Constantinos Petrides.
La commission d'enquête sera composée de trois anciens juges de la Cour suprême, George Pikis, Panayiotis Kallis et Yiannakis Constantinides.
"L'ensemble des décisions, des actes et des omissions à tous les niveaux -des décisions politiques, à celles des comités de direction des banques ou des régulateurs ainsi que toute autre personne-, devra être examiné", a-t-il ajouté.
Source: AFP
Des dizaines de personnes faisaient la queue à Nicosie, résignées et la mine sombre à l'ouverture des banques à midi (10H00 GMT), surtout devant les agences de la Bank of Cyprus et la Laïki, les deux plus grandes du pays, touchées de plein fouet par la restructuration exigée par les bailleurs de fonds.
"Nous sommes tous venus chercher nos 300 euros", a expliqué à l'AFP une trentenaire devant une agence de la Bank of Cyprus. Pour éviter un effondrement du système bancaire, les autorités ont en effet limité les retraits à 300 euros par jour et par personne.
Des agents de sécurité étaient postés devant de nombreuses agences, mais les queues se sont rapidement résorbées, et le président chypriote Nicos Anastasiades a remercié ses compatriotes sur Twitter et dans un communiqué pour leur "grand sens des responsabilités".
Restrictions bancaires levées d'ici un mois
La réouverture des banques s'accompagne de lourdes restrictions. Les particuliers ne vont pas avoir le droit de virer plus de 5 000 euros par mois depuis un compte dans une banque chypriote, tandis que les touristes ne sont plus autorisés à quitter l'île avec plus de 3 000 euros en liquide.
Ces limitations sur les mouvements de capitaux pourraient être levées d'ici un mois, a annoncé jeudi le ministre chypriote des Affaires étrangères, Ioannis Kasoulides. Ces mesures ont été publiées au journal officiel pour une durée d'une semaine, période après laquelle la Banque centrale a précisé qu'elles seraient levées progressivement, en fonction de la réaction des déposants.
Cette tentative de limiter la circulation d'argent vise à empêcher une éventuelle fuite massive des capitaux qui pourrait intervenir après la réouverture des banques. Les autorités chypriotes craignent en effet que le plan de sauvetage internationale décidé dans la nuit de dimanche à lundi pour éviter à l'île de faire faillite n'incitent les épargnants à retirer leurs économies des banques locales pour les placer à l'étranger.
L'accord prévoit de réduire fortement le secteur bancaire chypriote jugé trop important et fragile. Une fuite de capitaux risquerait de destabiliser encore davantage l'économie de l'île.
Exceptions pour les transactions commerciales
Les montants des transactions commerciales ne seront, en revanche, pas limités, à condition que les entreprises puissent prouver qu'ils correspondent à leur activité ordinaire. Il ne sera cependant pas nécessaire de fournir de documents en ce sens pour les transactions inférieures à 500 euros.
Les entreprises pourront également payer leurs salariés à l'étranger et les compagnies d'assurance verser des dédommagements sans restriction. Et les résidents chypriotes seront autorisés à subvenir aux frais de leurs enfants étudiants à l'étranger à hauteur de 10 000 euros tous les trois mois.
Ces restrictions s'appliqueront à tous les comptes, paiements et virements en toutes monnaies, à l'exception des missions diplomatiques.